L’odyssée des soutenances à l’Uac : un marathon sans fin

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Enfin ! Diront des milliers d’étudiants de l’autre bout du pays. Putain ! Diront des milliers d’étudiants de l’Univers cité d’Agbomey Candofi. Le lieu par excellence de tous les spectacles. Cette fois-ci, le spectacle se joue après trois années d’études règlementaires ; place à la prolongation : c’est « L’Odyssée des Soutenances ». En effet, à l’Uac, la plus grande université du Bénin, les soutenances de licence ne sont pas une simple formalité, mais un véritable parcours du combattant.

Entre le manque criant d’enseignants, l’indisponibilité chronique des maîtres de mémoire et une organisation des soutenances qui semble suivre la marche d’une tortue, la fin du cursus universitaire se transforme en une attente interminable. On parle ici de délais qui s’étirent au-delà du raisonnable, allongeant d’un, deux, voire trois ans le temps de diplomation.

L’année dernière encore, excédés par cette situation, les étudiants de l’Uac plus précisément de la Fllac, ont battu le pavé, tempêté, clamé et crié leur frustration lors de mouvements de protestation qui ont secoué les murs des amphithéâtres et la forteresse de Fofo Féli. Leur demande ? Mettre fin à ce supplice administratif en supprimant les soutenances pour les facultés à effectif pléthorique, telle que la Fllac. Leur combat, hélas, s’est soldé par un statu quo aussi immobile qu’une statue. On se questionne toujours sur l’après David Bonou…

Pendant ce temps, à l’Université de Parakou, une petite révolution a pris forme sous la plume de son recteur, Bertrand Sogbossi. Le 22 avril 2024, un communiqué a annoncé la suppression des soutenances à la Faseg et à la Flash, pour nécessité de service. Une nouvelle qui a sonné comme un doux air de liberté pour les étudiants de Parakou. Alors pourquoi pas à l’UAC, cette grande dame de l’éducation béninoise, qui, par son envergure, devrait montrer l’exemple ?

Certains murmurent que derrière cette résistance à la suppression des soutenances à l’Uac se cache une comédie de profits non avoués. Car il est un secret de polichinelle que chaque soutenance est une petite entreprise qui enrichit ses organisateurs. Chaque étudiant en instance de soutenance serait perçu comme un portefeuille ambulant d’où l’on peut tirer quelques billets. Serait-ce dommage non ?

Ma plume, face à ce tableau, se demande si le recteur de l’Uac est vraiment le capitaine de ce navire ou s’il n’est qu’un ‹‹ pantin ›› entre les mains de puissants chefs d’entités, pour qui la suppression des soutenances signifierait la fin d’une ère lucrative. Les étudiants, eux, ne demandent qu’à être libérés de cette chaîne bureaucratique pour voguer vers des horizons professionnels. Les intérêts des étudiants avant tout.

Après tout, l’université est censée être une rampe de lancement vers l’avenir, et non un labyrinthe sans sortie. C’est le moment pour Fofo Féli d’écrire une nouvelle page de son passage à la tête de l’Uac. Une page sur laquelle la voix des étudiants est enfin entendue et respectée. L’autre lui a déjà montré le chemin. Il suffit de l’emprunter ou de se frayer le sien…

Arsène AZIZAHO, in Chronique « Franchement », extrait de la parution n°228 d’avril 2024

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