Environ 28 millions d’électeurs sud-africains étaient aux urnes le mercredi 29 mai dernier pour élire les députés qui siégeront à l’Assemblée nationale et les élus provinciaux. D’après les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale, l’ANC, le parti du héros Nelson Mandela ayant régné pendant longtemps sur la scène politique sud-Africaine, recueille 40 % des voix et perd ainsi la majorité absolue. Le parti va devoir former une coalition pour diriger le pays, mettant ainsi en péril l’héritage politique laissé par Madiba, le farouche défenseur des droits de l’Homme.
Depuis sa tombe, le prix Nobel de la paix de 1993 serait en train de se morfondre pour ce qu’est devenu son parti politique, le Congrès national africain (ANC). Depuis le départ de Nelson Mandela du pouvoir, le parti perd des électeurs à chaque scrutin national. Mais l’hécatombe est intervenue au lendemain des élections législatives organisées le mercredi 29 mai dernier. En effet, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale, l’ANC obtient seulement 40 % des voix, une première depuis la création du plus vieux parti politique du pays.
Ces résultats indiquent clairement que le parti ayant lutté contre l’apartheid en Afrique du Sud n’est plus dans les bonnes grâces de la population. En récoltant moins de 50 % des voix, l’ANC est contraint de former un gouvernement de coalition pour diriger le pays. Et pour cause, le régime politique en vigueur au pays arc-en-ciel de Nelson Mandela est un régime parlementaire. Ainsi donc, ce sont les députés qui élisent le président de la République à la majorité simple. L’élection du futur président ne sera donc plus un simple match amical entre les élus de l’ANC comme cela a été le cas pendant trente ans. Elle sera l’objet d’une sérieuse discussion politique entre le pouvoir en place et l’opposition, pouvant même conduire à des compromis voire des intrigues politiques.
Les causes de cet échec électoral de l’ANC sont multiples et variées. La corruption, la criminalité, les inégalités sociales et le chômage des jeunes sont à l’origine de ce désenchantement. Après trente ans au pouvoir, les Sud-Africains estiment qu’il n’y a pas eu assez de changement.
La corruption endémique mine les efforts de développement économique et social. Des scandales impliquant des hauts fonctionnaires et des détournements de fonds publics sapent la confiance des citoyens. La corruption détourne les ressources qui pourraient être utilisées pour améliorer l’éducation, les infrastructures et créer des emplois. Elle contribue également à l’inefficacité des politiques publiques et à la perpétuation des inégalités socio-économiques.
Le désamour entre l’ANC et son électorat a profité pleinement aux partis politiques de l’opposition qui ont émergé au cours de ces élections générales. Les résultats du dépouillement montrent que l’ANC est suivie par l’Alliance démocratique (DA) avec 22 % des voix, tandis que le nouveau parti uMkhonto weSizwe (MK) de Jacob Zuma arrive en troisième position avec 15 %. Les Combattants pour la liberté économique (EFF), qui sont actuellement le troisième parti au Parlement, arrivent en quatrième position avec 10 % des suffrages.
Quoi qu’il en soit, l’ANC ne quittera pas le pouvoir, mais son échec met à mal l’héritage politique laissé par le patriarche Nelson Mandela. C’est la fin d’une hégémonie politique.
Winceslas KAKPO