Lutte contre les violences sexistes et sexuelles : l’urgence d’inscrire une ligne de finance budgétaire dans la loi des finances du Bénin

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Partager les résultats et les défis qui ont parsemé le chemin lors de la campagne ‘’Compter pour toutes’’ afin de lutter contre les Violences sexistes et sexuelles (VSS). C’est l’objectif de la conférence de presse qui a eu lieu dans la matinée du mardi 26 mars 2024 dans les locaux de la Salle de fête Majestic Cadjehoun à Cotonou. C’était en présence des organisations féministes, parlementaires, acteurs de la société civile et professionnels des médias.

« Nous nous battons pour un seul objectif : l’inscription d’une ligne budgétaire qualitative et quantitative dans la loi des finances 2025 », affirme Brian Sossou présidente de l’ONG Filles en action. Un combat qui n’est pas seulement le sien mais de toutes les féministes, activistes, OSC d’Afrique francophone de l’Ouest qui ont paraphé la tribune « Compter pour toutes ». Et le mardi 26 mars 2024, à la faveur d’une conférence de presse dans le but de partager les résultats et les défis qui ont parsemé le chemin lors de ladite campagne, elles l’ont de nouveau fait savoir. En effet, selon le « document de positionnement », les situations de collecte de données sur les Violences sexistes et sexuelles sont variantes. Il en est de même pour les lacunes. D’ailleurs, les données sur les VSS existantes ne sont pas toujours accessibles, mieux rendues publiques ou vulgarisées, et donc ne peuvent pas être utilisées, notamment lorsqu’elles proviennent de l’Etat. « Ce qui pose la question de la transparence ».

Brian SOSSOU, Présidente de l’ONG Filles en action

Au Bénin, par exemple, certains ont déploré l’inaccessibilité de l’interface web du SIDOFFE. Le manque de moyens financiers, techniques et humains ; l’insuffisance des moyens alloués pour la prise en charge des victimes de VSS ; le manque de personnel formé à la collecte de données, sont entre autres les lacunes relevées. Conséquence, une sous-estimation et une compréhension biaisée de l’ampleur des Violences sexistes et sexuelles. « Par ailleurs, la collecte et la production de données sur les VSS demeurent disséminées entre une variété d’acteurs sans qu’il n’y ait de synergie ou de collaboration entre eux, même quand les victimes sont référées d’un service à un autre ».

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Ces lacunes ne sont pas, faut-il le souligner sans conséquences sur les politiques publiques. Ainsi, en matière de lacunes pour ce qui est de la collecte de données, les Violences sexistes et sexuelles .entravent la compréhension du phénomène, de ses causes et conséquences, des besoins des survivantes et des obstacles rencontrés dans l’accès à une prise en charge effective. « Or, une telle compréhension est indispensable pour élaborer et mettre en œuvre des politiques de prévention et de protection contre les VSS qui soient efficaces, de qualité et adaptées aux réalités locales ». De plus, ces lacunes empêchent l’évaluation de la qualité et de l’efficacité des mesures relatives aux VSS, et l’identification des progrès réalisés, des pistes d’amélioration ou encore des dysfonctionnements en matière de prévention, de protection et de prise en charge.

Les études sur les VSS sont majoritairement axées sur la victimisation des femmes, et ne posent pas la question de la responsabilité des Etats, notamment concernant l’effectivité de leurs politiques et de leurs lois. « Au Bénin, si le SIDOFFE émet des hypothèses, à partir des analyses qu’il fait des données collectées sur les VSS, il n’y a cependant pas d’études pour les confirmer ou les infirmer, ou encore approfondir la compréhension du phénomène. Pour les OSCs, ces lacunes impactent également l’efficacité de leur plaidoyer, de la mobilisation de ressources et de leurs actions de sensibilisation qu’elles ne peuvent fonder et justifier par des données. Des OSCs du Niger rapportent ainsi que le manque de données fiables fragilise la prise de conscience sociétale sur l’ampleur des VSS. Enfin, ces lacunes impactent négativement la qualité de la prise en charge des survivantes, un professionnel de santé au Niger expliquant en effet que sans données, il n’était pas possible pour lui de déterminer si les lésions physiques pouvaient avoir un impact sur la fertilité des survivantes », renseigne le document.

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Somme toute, comme recommandation : renforcer les capacités et augmenter les moyens techniques, humains et financiers alloués aux acteurs de la collecte. Améliorer la synergie et la collaboration entre les acteurs de la collecte de données. Améliorer l’accessibilité des données. Désagréger les données et adopter une approche féministe et inter sectionnelle. Adopter une approche participative des communautés concernées dans la collecte. Moderniser les méthodes de collecte tout en garantissant la protection des données personnelles et la confidentialité des victimes de VSS (Bénin). Intégrer les recommandations et les demandes de plaidoyer des CPS et des CIPEC-VBG. (Niger) Intégrer la collecte de données dans les politiques de prévention et de protection contre les VSS. (Sénégal) Réaliser une revue de littérature sur les études réalisées sur les VSS, et harmoniser leur sujet d’analyse.

« Le but du document de positionnement est d’adorer nos besoins pour que ses besoins soient prise en compte et qu’au final soient inscrits dans les lois de finance du Bénin, une ligne budgétaire. On y croit puisque les parlementaires présents se sont engagé et on a l’impression à travers leurs discours qu’ils ont la chose à cœur », se réjouit Sarah F. Saizonou.

Mahussé Barnabé AÏSSI

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