Comment devient-on topographe ? Quels sont les débouchés de cette filière pour les jeunes, notamment les filles ? L’une des rares femmes à embrasser ce secteur, Zorifatou Toukourou, ingénieure des sciences géographiques a tenté d’apporter des réponses à ces questions. Enseignante dans les universités, elle passe au scanner les différents aspects et opportunités de la topographie et invite les jeunes au courage et à la détermination. Lire l’entretien !
Qu’est-ce que la topographie?
Merci beaucoup pour cette opportunité. La topographie est la science qui étudie l’ensemble de la représentation graphique de la surface terrestre, avec ses formes et ses détails. Elle permet de faire la cartographie par arpentage. Elle aboutit à une description détaillée ou une bonne représentation sur une carte ou un plan.
Vous êtes ingénieure topographe. Comment devient-on topographe ?
Pour devenir ingénieur géomètre topographe, les aspirants ont droit à deux options. La première option, ils font l’enseignement général et vous aboutissez au baccalauréat série D ou C, ensuite vous continuez en licence dans une des écoles de topographie et enfin vous passez à l’étape du cycle d’ingénieur. En gros vous devenez ingénieur géomètre topographe 5ans après le BAC D ou C. La deuxième option, ils étudient au lycée dans la filière géomètre topographe et vous avez le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) et ensuite le diplôme de technicien d’ingénieur (DTI). Pour ensuite suivre le même parcours comme dans le premier cas. Et si vous vous arrêtez au DTI, vous êtes juste topographe et non géomètre topographe. Parce que vous avez un diplôme d’opérateur géomètre. Il faut donc poursuivre les études pour pouvoir grandir dans le métier.
On constate aujourd’hui que les filles se désintéressent de cette filière dans les écoles et universités. Quelles sont les raisons à votre avis ?
Visiblement, le métier de géomètre topographe paraît un métier des hommes. Il demande tant de sacrifices, d’efforts physique et intellectuel, surtout en mathématiques et en sciences physiques. On constate que peu de filles sont capables d’aller dans la brousse pour des recherches afin d’approfondir leurs connaissances. Au début de formation dans les lycées et universités ou écoles techniques, beaucoup d’élèves et étudiants se découragent pour effectuer des travaux de terrain. C’est en évoluant dans les études qu’on peut constater que les filles à l’instar des garçons peuvent exercer ce métier.
Selon vous, ce métier nourrit-il son homme ?
(Rire). La topographie nourrit son homme comme tout métier. De toutes les façons, la topographie est un métier libéral. Tu peux réussir en empruntant le chemin de l’entrepreneuriat. Aucune pression de la part de qui que ce soit.
Quels sont les débouchés de ce métier après la formation?
Ce métier offre plusieurs débouchés aux diplômés. Ils peuvent trouver du travail dans l’aménagement du territoire, dans les projets de construction des infrastructures publiques de toute sorte, dans l’agriculture, dans les bâtiments et travaux publics (BTP), dans l’urbanisme et le génie civil etc. Le topographe est aussi sollicité dans les projets de prospections minières, la photogrammétrie et la télédétection. Au fait, la topographie est une filière pluridimensionnelle.
Quelles sont les perspectives pour motiver les filles ou les femmes à s’intéresser à cette filière technique ?
Il y a beaucoup de perspectives pour motiver les filles à s’engager dans ce métier. Il faut des séances de coaching dans les établissements secondaires, des sorties pédagogiques sur les chantiers de construction et d’aménagement, dans les entreprises de BTP et cabinets de géomètre.
En ce qui concerne les enseignants du supérieur, il faut également des séances de coaching, des formations de courtes durées et des conférences inter actives. Il faut aussi créer des écoles de formation en pratique pour leur faire toucher du doigt les réalités sur la topographie. On peut aussi créer une école de formations pour les filles afin d’aller à leur rythme par rapport aux garçons.
Votre mot de la fin !
En cette veille de la rentrée académique, j’invite les nouveaux bacheliers à beaucoup croire en eux. Si j’ai pu faire et d’autres femmes l’ont fait, c’est qu’elles-mêmes peuvent y arriver. Dans la vie, sans la persévérance on ne peut rien. Aucun métier n’est facile dans la vie. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Merci beaucoup !