Uac – Fllac : entre ultimatum et exigences, les étudiants du DLM appellent à la suppression des soutenances en Licence

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Le vendredi 03 mars 2023, les étudiants du Département des Lettres Modernes (DLM) de la Faculté des lettres, langues, arts et communication (Fllac) ont tenu une assemblée générale décisionnelle. À l’issue de cette séance, les exigences de suppression du projet de soutenance en Licence et de recrutement des enseignants au DLM ont été décidées à l’unanimité dans l’amphithéâtre A1000 du campus d’Abomey-Calavi en présence des anciens et nouveaux responsables étudiants du département.

Après trois, quatre, cinq ou six ans de formation académique, le parchemin de la Licence est loin d’être un acquis en Lettres Modernes. À bout de patience et de peines, plus de trois promotions d’étudiants ayant fini les six semestres se sont révoltées vendredi dernier pour prendre des décisions en assemblée générale. En effet, pour l’ensemble des étudiants réunis à cette occasion, il y a une léthargie dans le processus de soutenance des mémoires de Licence dans leur département.

Face à la situation qui perdure, Morel Tchaou, étudiant finissant (promotion 2021-2022) et secrétaire général honoraire du Bureau d’union d’entité de la Fllac exprime son ras-le-bol : « Nous sommes fatigués du fait que l’on ne nous appelle pas pour soutenir alors que nous avons validé toutes les Unités d’Enseignement (UE) au département des Lettres modernes en Licence ». À l’en croire, la situation va de mal en pis, car devant sa promotion, il y a les promotions 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021 qui sont toujours en attente de “Godot”, le fameux personnage de Samuel Beckett. Le comble, rapportent les participants, c’est en décembre 2022 que les étudiants en instance ont été invité à déposer leur protocole de mémoire, mais jusqu’à la tenue de cette AG décisionnelle, aucune suite n’a été donnée ».

L’Assemblée générale

Comment le DLM en est-il arrivé là ?

Pas besoin de chercher loin. Les étudiants à cette assemblée ont une réponse à la question. Selon eux, « cette situation malencontreuse découle sans aucun doute du nombre insuffisant d’enseignants au DLM ». De leur ouï-dire, cette entité ne compte que huit (08) enseignants censés dispenser, à l’effectif pléthorique des étudiants, toutes les Unités d’Enseignement des six semestres en Licence, soit de la première en troisième année. Cette poignée d’enseignants devant les milliers d’étudiants suscite maintes interrogations dans le rangs des étudiants. « Comment pourront-ils encadrer le nombre pléthorique d’étudiants en instance de soutenance ? », s’interroge plus d’un.

Bien qu’il soit difficile de décrire la gymnastique par laquelle ce département s’en sortira sans un recrutement complémentaire des enseignants, le présidium de l’assemblée générale a néanmoins tiré une conclusion. « Il est évident en l’état actuel, que le département des Lettres Modernes soit dans l’incapacité d’exécuter les soutenances en niveau Licence comme le prévoit le système LMD ». Cette attente des étudiants semble jeter du discrédit sur eux dans leurs différentes familles qui aimeraient voir les enfants rentrer avec leur diplôme.Éreintés, ils sont, à l’unanimité, « décidés à désormais sortir du silence et à taper du poing sur la table ».

Présidium de l’AG

En d’autres termes, ils exigent l’annulation pure et simple du projet de soutenance en Licence suivie de la libération des étudiants retenus jusque-là malgré les 180 crédits acquis des six semestres. « Dorénavant, nous voulons finir avec les unités d’enseignement, prendre les diplômes et foutre le camp », a clamé Morel Tchaou. Pour ce faire, l’assemblée générale a acté un consensus : la suppression des soutenances en Licence des Lettres Modernes, à l’instar des départements de la Fadesp et de la Fast.

De la nécessité de recruter d’enseignants au DLM

Depuis plus d’une décennie, le manque d’enseignants résiste à l’Uac, en l’occurrence, au DLM. Un besoin nécessaire qui ne cesse de mettre le peu d’enseignants disponibles dans des situations désobligeantes. Selon cette assemblée générale d’étudiants, les enseignants du DLM souffrent en silence. Et pour se faire avocats de leurs professeurs, ils réclament un recrutement urgent d’enseignants qualifiés pour finir avec l’esclavage que subissent les huit enseignants du département des Lettres Modernes. C’est à juste titre que le présidium, au nom des vagues des promotions en instance, a décidé de faire entendre la voix de cette assemblée décisionnelle à travers un courrier adressé le même jour au recteur de l’université d’Abomey-Calavi (Uac) avec des ampliations diverses.

Ultimatum adressé au recteur et menaces de grève en vue

Pr Félicien Avlessi, recteur de l’université d’Abomey-Calavi

Sans langue de bois, les responsables du présidium semblent plus que déterminés à aller jusqu’au bout avec leur base. Pour l’heure, ils entendent employer le vert et le sec pour obtenir satisfaction. C’est dire qu’après 96 heures, si le recteur Félicien Avlessi ne convie pas les responsables impliqués à une audience pour des pourparlers imminents, des mesures fortes pourraient être employées. Un sit-in, une « journée Fac morte » ou un mouvement de grève générale pourront être observés, renseigne le courrier adressé à l’autorité rectorale.

Le rectorat prêt à décanter la situation au DLM ?

Les étudiants modernistes semblent avoir bien justifié leurs peines. S’ils ont décidé de briser la procédure de négociation avec leur département et/ou avec les autorités décanales pour toucher directement le Recteur de l’Uac, il est probable qu’il y ait anguille sous roche. Mais le recteur va-t-il accorder les points de revendications ? Sans quoi, serait-ce la résurgence des mouvements de grèves à l’Uac ? Difficile de répondre. Néanmoins, de sources concordantes, on apprend qu’au lendemain du dépôt du courrier, des responsables étudiants concernés ont été appelés pour amorcer les négociations. Dans les jours à suivre, la situation pourra connaître un dénouement heureux.

Ignace TOSSOU & René AGBLEWONOU

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