L’année académique 2024-2025 a débuté petitement dans presque toutes les facultés classiques de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) depuis quelques semaines, ceci dans un tournant crucial, marqué par l’imminence de la fin du mandat du professeur Félicien Avlessi, actuel Recteur de ladite université. Nommé à la tête de la plus grande institution universitaire du Bénin en 2021, son mandat prend officiellement fin en octobre 2024. Cette situation soulève des questions quant à son avenir à la tête de l’Uac et bien sûr des grands axes à aborder pour une année universitaire réussie.
Ça s’appelle contexte particulier ! La rentrée universitaire 2024-2025, se veut être particulière simplement parce que l’actuelle équipe rectorale s’apprête à rendre le tablier quand on s’en tient aux nouvelles dispositions selon lesquelles le Président de la République nomme les recteurs sur proposition du Conseil des Ministres pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Et cette année, le calendrier semble se coïncider avec la fin du mandat du professeur Avlessi, ce qui pourrait « compliquer » les perspectives de continuité à la tête de l’institution. Le chevauchement entre la fin de son mandat et le début de la nouvelle année académique pose une question : le professeur Avlessi sera-t-il en mesure de superviser cette rentrée, ou une nouvelle nomination sera-t-elle faite au dernier moment ? Si aucune décision claire n’est prise avant la fin de octobre, cela pourrait entraîner une période d’incertitude administrative, potentiellement perturbatrice pour l’Université.
Un bilan contrasté
Le professeur Félicien Avlessi, en tant que Recteur, a initié plusieurs réformes visant à moderniser l’université, à renforcer sa gouvernance et à améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants et du personnel académique. Sous son mandat, des efforts notables ont été faits pour l’extension des infrastructures universitaires et la digitalisation de certains services administratifs, avec la mise en place de plateformes pour la gestion des cours.
Cependant, le mandat du professeur Avlessi a aussi été marqué par des défis persistants. La surpopulation étudiante, les infrastructures insuffisantes et le manque de ressources pour soutenir la recherche scientifique sont des problématiques qui continuent de miner l’efficacité de l’Université. Le taux d’échec élevé dans certaines filières, notamment à la Faculté de droit et de sciences politiques (Fadesp), ainsi que le déplaisir des étudiants face aux conditions de logement, sont autant de sujets qui ont parfois éclipsé ses réformes.
Vers une nouvelle nomination ou une continuité ?
Le professeur Félicien Avlessi continuera-t-il à diriger l’Uac ou sera-t-il remplacé par un nouveau recteur ? Une chose est sûre : selon les statuts en vigueur, un recteur de l’Uac est nommé pour un mandat de trois ans, renouvelable une seule fois. Si la question du renouvellement de son mandat est en suspens, elle dépendra des évaluations du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et des autorités compétentes.
Peut-on s’attendre à un nouveau visage ?
Si le mandat du professeur Avlessi n’est pas renouvelé, un nouveau visage pourrait prendre la tête de l’Uac. L’arrivée d’un nouveau recteur pourrait signifier un renouveau dans les approches de gestion et une redéfinition des priorités. Les attentes seraient grandes : une amélioration concrète des infrastructures, une meilleure gestion des ressources humaines, et une attention particulière aux besoins des étudiants, surtout en ce qui concerne la qualité de l’enseignement et les conditions d’études. Cependant, un changement à la tête de l’Université peut aussi engendrer des défis, notamment en ce qui concerne la continuité des projets déjà initiés sous l’administration actuelle. Le nouveau recteur devra, en cas de nomination, s’adapter rapidement aux réalités de l’institution et proposer une vision cohérente pour faire face aux problématiques urgentes.
Et si le Prof Avlessi restait ?
En revanche, si le mandat du professeur Félicien Avlessi venait à être renouvelé, il aurait l’opportunité de poursuivre les réformes entamées. Il pourrait ainsi accélérer les efforts pour la modernisation de l’Uac, notamment en matière d’infrastructures et de digitalisation. Le défi serait alors de renforcer la gestion des effectifs croissants, de réduire les inégalités dans l’accès aux ressources pédagogiques, et de mieux gérer la transition vers un système d’enseignement hybride, qui combine présentiel et enseignement à distance.
L’échec des réformes du recteur Félicien Avlessi
Le mandat du professeur Félicien Avlessi en tant que recteur de l’Université d’Abomey-Calavi a été aussi marqué par plusieurs tentatives de réforme, dont beaucoup n’ont pas porté les fruits escomptés. Parmi celles-ci, la loi interdisant le port de tenues fantaisistes sur le campus a suscité un débat houleux, mais peine à être respectée par les étudiants. De même, l’obligation de porter la carte d’étudiant dans l’enceinte de l’université n’a pas été correctement appliquée, malgré la volonté affichée d’instaurer un contrôle strict et de renforcer la sécurité sur le campus. Ces initiatives, censées moderniser et réglementer la vie universitaire, se sont heurtées à une mauvaise coordination et à un manque de suivi rigoureux. D’autres décisions, comme les réformes visant à améliorer l’efficacité des services administratifs, ont rencontré des difficultés similaires. Ces échecs mettent en lumière les défis liés à la gestion d’une institution aussi vaste que l’Uac, et soulèvent des questions sur l’efficacité des réformes prises sous le mandat du recteur Avlessi à l’approche de la fin de son mandat. Tout compte fait, en cette rentrée académique 2024-2025, l’Université d’Abomey-Calavi se trouve à un moment crucial de son histoire.
Le futur du professeur Félicien Avlessi en tant que recteur demeure incertain, et l’on peut s’attendre soit à la continuité de ses réformes, soit à l’arrivée d’un nouveau leader à la tête de l’institution. Quoi qu’il en soit, les défis auxquels fait face l’Uac – surpopulation, infrastructures vieillissantes, manque de ressources pour la recherche – devront être au centre des priorités, quel que soit le recteur qui sera à la barre pour les trois prochaines années. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique jouera un rôle clé dans cette décision.
Et les étudiants, les enseignants et l’administration de l’Uac suivent avec attention l’évolution de la situation, dans l’espoir de voir l’institution se développer et répondre aux exigences académiques de plus en plus complexes de l’ère moderne.
Mahussé Barnabé AÏSSI