Afin de poursuivre leur cursus universitaire, les étudiants, surtout ceux qui habitent loin de Calavi sont obligés de louer des chambres courant la période de la rentrée académique, vu le nombre limité d’étudiants admis en cabines. Et plus la chambre est proche du campus, plus le prix de la location grimpe. Mais en dehors de ce facteur, les étudiants sont pris au piège de la vétusté des infrastructures qui composent lesdits logements.
Caroline Tounga est originaire du département de l’Atacora, précisément de Boukombé. Après l’obtention de son Bac en 2022, elle est classée à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’université d’Abomey-Calavi, où elle devra poursuivre ses études universitaires, à 572,9 km de sa ville. Pour ce faire, elle a dû louer une chambre dans les environs du campus, à quelques encablures du carrefour IITA où elle parvient à aller à l’Uac en moins de 15 minutes et dont le loyer mensuel est fixé à 17500 f CFA. Et pour y intégrer, elle a payé 3 mois d’avance, 1 mois de caution et signé un engagement de ne pas délaisser la chambre en cours de route. Une chambre et un salon de 4 mètres chacun, avec une arrière-cour. « La chambre n’était pas totalement en forme. Les fenêtres et les portes étaient un peu caduques. Aussi, les tôles trouées par endroit et par-dessus rouillées. Parlant de la surface, deux carreaux se sont défoncés. Au vu de l’inconfort, le propriétaire m’a rassurée que la réfection serait effective dans un bref délai. Je puis dire que c’est à cause de la proximité du campus que le loyer est si cher sinon, cet état de la chambre ne mérite pas une telle somme. J’ai intégré la chambre dans ces conditions avec espoir qu’il allait honorer à sa promesse », raconte-t-elle. Abdel Asse, ressortissant de Porto-Novo, à environ 50 kilomètres d’Abomey-Calavi, est lui aussi dans le cas de Caroline à quelques différences près. « Moi j’ai loué une chambre entrée couchée à 12000 F CFA dans l’arrondissement de Godomey à environ une demi-heure du Campus où Chaleur, vétusté des tôles, absence de toilettes adéquats dictent leur loi », raconte-t-il d’un air évasif. Si de son côté Caroline a une promesse de réparation de sa chambre, Abdel, lui n’en a pas reçu. De facto, en saison pluvieuse, c’est « la catastrophe totale ». En effet, la saison pluvieuse et la plupart des maisons dans lesquelles habitent cette frange d’étudiants, ne font pas bon ménage. Ainsi, suffit-il qu’une pluie diluvienne s’abatte et la mobilité des étudiants et les navettes maison-campus deviennent compromises. « Quand il pleut, on n’arrive plus à être à l’aise parce qu’entre temps, la pluie aurait arrosé la chambre à travers les tôles trouées. C’est triste ! », fait savoir Brice Dagbo, étudiant ayant loué à Gbègnigan vers Womey. Ils sont légion dans le même cas. « Ils ne veulent pas réparer les chambres et sont préoccupés par notre argent. C’est vraiment déplorable. Nous souffrons trop. Il faudrait que les dirigeants mettent une politique en place pour sonner le glas. Dans ces conditions précaires, les résultats ne sont souvent pas reluisant en fin d’année », clame Sergine Kakpo, qui a loué à Zogbadjè avec deux autres.
Des propriétaires peu scrupuleux
Si Caroline a intégré sa chambre avec l’espoir que le propriétaire allait se dépêcher pour au moins réparer ses infrastructures elle n’a pas pu voir cette promesse se réaliser durant tout son séjour. Comme elle, plusieurs autres étudiants ont découvert la face cachée de ces propriétaires de maisons. « J’ai été surprise qu’après le paiement de mes avances de voir la chambre dans les mêmes conditions d’intégration », explique Sergine avec désolation. Selon plusieurs étudiants, la plupart des responsables de maison accusent de retard quant à la réfection des chambres et sont parfois cupides.
Et si les autorités s’en mêlaient ?
Face à cette situation que vivent les étudiants, les autorités qu’elles soient du Centre des œuvres universitaires et sociales d’Abomey-Calavi (Cous-ac), du rectorat ou du gouvernement, ont leur part de responsabilité. A en croire Abel, c’est parce qu’il n’a pas été admis en résidences universitaires qu’il a été obligé de louer une telle chambre dans une telle condition. « Nous implorons les décideurs du pays, de construire d’autres modules de résidences universitaires pour nous aider davantage à réduire notre calvaire », suggère Romaric. La facilitation des contrats de bail pour les étudiants par les autorités reste également une piste à explorer, en attendant que ces propriétaires se ressaisissent et ne compliquent pas davantage la vie à ces étudiants qui sont déjà dans des conditions d’études difficiles.
Mahussé Barnabé AÏSSI, in Parution 227