Entretien avec le directeur de l’Eace : « malgré tout ce que nous faisons, toujours est-il que d’autres trouvent que nous exagérons », dixit Jean-Luc Yambodè

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Des rumeurs et des opinions planent sur le fait qu’à l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace), la rigueur, l’imposition de formation, des activités nocturnes prennent une proportion inquiétante. Afin d’en savoir davantage sur le sujet, nous sommes allés vers Jean-Luc Yambodè, l’actuel directeur de l’Eace. Voici sa version des faits !

L’imposition de formation à un étudiant inscrit chez vous fait polémique. M. le directeur, que dites-vous ?

Nous avons huit différentes sections à savoir : danses traditionnelles et modernes, la musique moderne, Ciné Photo Unesco (CUP), théâtre, arts plastiques, coiffure et couture. L’Eace à ses règles et principes et dès lors que vous vous inscrivez et que vous vous sentez apte à les respecter, vous restez et vous suivez votre formation. Donc la question d’imposition de section est un sujet vide. C’est vrai que si vous vous inscrivez dans une section donnée parmi les huit, nous vous donnons la possibilité de parcourir toutes les autres. Mais c’est une option et un choix. C’est ça nous sommes venus voir et c’est ça nous appliquons. Mais à aucun moment on oblige un artiste d’une section à forcément faire la formation d’une autre section. Néanmoins, on peut voir en un artiste en formation des talents d’une autre section alors qu’il est inscrit dans une autre. Là, on lui fait une proposition et si ça lui convient, il adhère. Par ailleurs, il faut souligner que les différentes sections ont en leurs seins des sous-sections. Et quand vous vous inscrivez, pendant les toutes premières années de votre formation, vous êtes obligés de suivre les différents modules de cette formation quelle que soit votre prédestination. Prenons par exemple la section art plastique qui est constituée de : dessin, perlage, calligraphie, chantournage, portrait, peinture, etc. Dans ce cas d’espèce, vous ne pouvez pas dire que vous voulez faire uniquement le dessin ou autre. Quand vous aurez fini d’accumuler les compétences, vous avez ensuite la liberté de choisir une spécialité. Il en est de même pour les autres sections.

Il nous a également été rapporté que la rigueur monte au galop. Que dites-vous à ce sujet ?

Sur cette question, j’ai bien envie de rire parce que c’est paradoxal. Les apprenants que nous avons aujourd’hui, trouvent que la rigueur est grandissante à l’Eace et de l’autre côté, les aînés nous reprochent d’être trop flexibles. Ce que nous autres sommes venus voir à l’Eace en terme de rigueur, nous ne l’appliquons plus aujourd’hui. Pas parce que nous sommes faibles, ou que nous voulons conduire l’institution à sa perte. Mais parce que nous savons le type de génération que nous avons en face de nous : des plus jeunes que nous. Et donc à une situation particulière, des mesures particulières. Et force est de constater que malgré tout ce que nous faisons, toujours est-il que d’autres trouvent que nous exagérons. Et comme on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs, on ne peut pas faire que des heureux dans la vie.

Il y a aussi le fait que vos activités sont souvent nocturnes. Quelles sont les dispositions que vous prenez au préalable vis-à-vis des artistes en formations ?

Oui ! Nous faisons des activités nocturnes parce qu’à l’Eace c’est l’art et la culture. Lesquelles disciplines sont malheureusement aujourd’hui considérées comme le divertissement. Donc forcément, il faut attendre que les activités académiques finissent, ce qui n’est une réalité qu’à partir de 19 heures à l’Uac. Et bien avant la tenue de ces activités, nous prenons des dispositions. Nous prenons la peine de réunir tous nos artistes à travers une Assemblée générale pour leur expliquer les tenants et les aboutissants de l’activité et les dispositions à prendre pour ne pas être surpris au cours de l’activité. Entre autres dispositions, nous prenons la peine de les informer que l’activité va finir tard dans la nuit. Du coup s’il y en a qui ont besoin d’autorisation particulière, ils se rapprochent de nous afin qu’on en délivre pour qu’il n’y ait pas de problème plus tard. Nous faisons tout ce travail en amont et au cours de l’activité nous essayons encore d’assurer la sécurité de nos artistes dans la nuit. Toujours est-il qu’à toutes les activités de l’Eace, tous les artistes ne viennent pas parce qu’il y a des cas particuliers qui existent en nombre. Et comme les situations ne sont pas identiques, nous essayons de les gérer. Nous gérons les cas d’indiscipline selon les textes du centre et s’il y a lieu de porter l’information vers leurs parents, nous le faisons en conséquence.

Que dites-vous aux parents fâchés après leurs enfants parce qu’ils se sont inscrits à l’Eace ?

Je penses qu’ils sont en train de faire fausse route. Nous existons depuis 1977 et si depuis tout ce temps l’institution a pu rester, transcender les réalités, c’est parce qu’il y a un minimum de sérieux qui se fait dans la maison. Refuser donc à son enfant d’aller à cette école de la vie, c’est le privé à un moment donné d’une opportunité qui ne s’offre pas à tout le monde. Je vais donc en appeler à l’ouverture d’esprit des parents et de faire des investigations pour en savoir davantage sur ce que leurs enfants font avant de pouvoir juger de la qualité ou de la médiocrité de tout ce qui se fait. Encore que très souvent les jeunes ont de difficultés à communiquer avec leurs parents !

Qu’est-ce Jean-Luc Y. dit aujourd’hui pour dissiper le doute quant à cette image collée à l’Eace parlant de rigueur, et les autres polémiques ?

La rigueur c’est la marque de fabrique de l’Eace. Depuis les temps mémoriaux jusqu’à nos jours l’Eace a toujours été reconnu par sa rigueur, par la qualité de la formation qui se donne et tout. Donc que les gens disent aujourd’hui que l’Eace est rigoureux, c’est une fierté pour moi. Et cela voudra dire qu’on a su préserver et conserver ce qu’on nous a laissé comme héritage. Je pense que cette jeunesse que nous constituons aujourd’hui doit être davantage engagée, savoir ce qu’elle veut réellement car rien de bon ne s’obtient dans la facilité. En un mot, il y a un minimum de sacrifice à faire.

Propos recueillis par Mahussé Barnabé AÏSSI, in Parution 229 de Mai 2024

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