David Bonou au sujet de la suppression des soutenances à la Fllac : « dans cette course, des gens nous ont méprisés, nous avons reçu des menaces de divers horizons, certains des nôtres nous ont trahis… »

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Il est le pionnier de la lutte pour la suppression des soutenances de mémoire en fin de cycle de licence à la Faculté des lettres, langues, arts et communication (Fllac) de l’université d’Abomey-Calavi. Son nom, Jésutin David Bonou. Il a été Président BUE-FLLAC en 2022-2023, SG du Conseil des responsables du département des lettres modernes (CRA-LM) en 2022, 2e Organisateur général du même CRA en 2020-2021, Responsable d’amphithéâtre de la première à la troisième année au sein de la Fllac, plus précisément au département des lettres modernes. En effet, depuis le vendredi 04 octobre dernier, sa revendication quant à la suppression des soutenances à la Fllac est devenue une réalité, sinon a porté ses fruits. Dans cet entretien exclusif, il nous plonge dans les coulisses de sa lutte pour l’intérêt commun. Il remercie, au passage, les responsables de l’administration de la Fllac. Lisez plutôt !

Comment avez-vous accueilli la nouvelle dans la nuit du vendredi 04 octobre dernier ?

Tout comme les étudiants, j’ai apprécié cette décision parce que nous l’avions demandée, il y a des jours. Et il le fallait. Je n’étais pas là quand même.

Qu’est-ce qui vous avait poussé, ainsi que votre bureau, à revendiquer la suppression des soutenances en fin de cycle de licence ?

Les injustices que subissent les étudiants de la FLLAC après avoir peiné à valider toutes les Unités d’Enseignement avant de soutenir, le manque criard d’enseignants pour le compte de la faculté pour encadrer les étudiants lors des rédactions, et le non-respect de ce que la soutenance est une UE qu’il faut valider au cours de l’année académique en cours, prescrit par les textes du système LMD.

Et quels étaient les obstacles rencontrés lors de cette démarche ?

Face à toute action, il y a souvent des obstacles qu’il faut affronter pour rencontrer la victoire. Des gens nous ont méprisés à cause de cette revendication. Nous avons reçu des menaces de divers horizons. Même certains des nôtres nous ont trahis dans cette lutte parce qu’ils ont été manipulés, aussi guidés par des intérêts personnels. Et comme nous avons reçu le vaccin contre les menaces, les pressions et les trahisons, ça ne nous disait rien parce que c’était prévisible. Ce n’était pas facile. Certains camarades nous ont injuriés pour ça.

Comment s’est déroulé le dialogue avec l’administration concernant cette revendication ?

Le dialogue n’était pas facile. Il faut avouer qu’ils étaient ouverts (les autorités) pour nous recevoir pour échanger, mais toujours est-il qu’ils ont tendance à défendre ce système LMD inadéquat, incapable de régler les problèmes que suscite son fonctionnement.

Quels arguments avez-vous présentés pour soutenir votre position ?

Nous avons dressé nos raisons qui nous poussent à cette lutte (les injustices que subissent les étudiants de la FLLAC après avoir peiné à valider toutes les Unités d’Enseignement avant de soutenir, le manque criard d’enseignants pour le compte de la faculté pour encadrer les étudiants lors des rédactions, et le non-respect de ce que la soutenance est une UE qu’il faut valider au cours de l’année académique en cours, prescrit par les textes du système LMD). Nous avons aussi fait comprendre que la soutenance en licence n’est pas indispensable. L’autre chose, c’est le nombre minime de ceux ayant soutenu déjà depuis la création de la Fllac face à ceux qui attendent la soutenance, qui sont très nombreux. On n’a pas hésité à signaler que certains se servent de la soutenance pour régler leurs comptes avec les étudiants avec qui ils ont peut-être des antécédents.

Comment les étudiants ont-ils réagi à cette initiative tout au long du processus ?

La majorité était pour cette revendication. Puisqu’avant de lancer la lutte, nous sommes allés en assemblée générale de tous les étudiants de l’union, comme prévu par nos textes de l’union des étudiants, et les étudiants ont décidé de revendiquer, et le BUE, qui est le représentant des étudiants, n’a d’autre choix que d’accomplir la mission pour laquelle il a été élu. Certains étaient contre à cause de la non-compréhension des raisons et des menaces de certains enseignants.

Vous pensez donc que la revendication de supprimer les soutenances a été bien accueillie par la majorité des étudiants !

Les étudiants étaient tous contents. Je n’ai reçu, jusqu’à l’heure actuelle, aucune réaction négative face à la décision venant d’un étudiant de la Fllac. Ce sont des mots de satisfaction que je reçois des étudiants. Et c’est ce que je lis un peu partout.

Selon vous, n’y aura-t-il pas de conséquences de cette suppression sur le parcours académique des étudiants ?

Je l’ai dit, la soutenance n’est pas indispensable en licence. Ça ne reflète pas obligatoirement le niveau de l’impétrant.

N’avez-vous des inquiétudes quant à l’évaluation des compétences des étudiants sans soutenance ?

La plus grande évaluation des compétences de l’étudiant est faite lors des sessions où nous composons en une heure pour rendre compte de nos compétences et nous nous en sortons.

David, c’est vrai que vous n’êtes plus aux affaires. Mais quelles autres revendications ou projets le BUE FLLAC peut envisager dans les mois à venir ?

Il reste plein de choses à revendiquer. La question de composition d’une heure enchaînée sans pause, le manque d’enseignants qui se pose. Le grand retard dans les délivrances des actes académiques et la publication des résultats chaque année. Le démarrage d’une nouvelle rentrée sans les résultats de l’année écoulée… Il reste des choses à revendiquer et nous ne pouvons pas tout citer.

Tout doucement, nous tendons vers la fin de cette interview. David Bo ou, quel message aimeriez-vous donc adresser aux futurs présidents du bureau concernant la défense des intérêts étudiants ?

Je veux dire par ce canal à mes successeurs que l’honnêteté envers soi, l’engagement et la défense des camarades doivent les guider. Qu’ils se rappellent juste de leur serment prêté lors de leur prise de fonction et ils défendront bien la cause des étudiants de leur faculté. Je les invite à aussi lire La Révolution et ils combattront toute injustice et cela fera d’eux de vrais défenseurs. Ils ne doivent pas céder face aux menaces ni aux pressions, ce sont des choses qu’il ne faut même pas calculer.

Quels mots avez-vous à l’endroit de l’administration de la Fllac, principalement à l’endroit du Doyen Professeur Vincent Atabavikpo ?

Je tiens sincèrement à remercier l’administration de la Fllac. Le Doyen de ma faculté, le Professeur Vincent Atabavikpo, est un homme de justice et qui est ouvert. Il compatit à nos douleurs. C’est l’heure de lui être reconnaissant pour tout ce qu’il fait et pour cette décision salutaire, historique, qu’il vient de prendre. Nous n’allons pas oublier le Vice-Doyen, le Professeur Moufoutaou Adjeran, qui fut mon professeur de linguistique générale en première année de lettres modernes et qui est le chargé des affaires académiques de la faculté actuellement. Il fait aussi beaucoup pour les étudiants. Il se sacrifie. Je n’oublierai pas mes professeurs du Département des lettres modernes, pour la formation qu’ils nous donnent. Malgré qu’ils ne soient pas nombreux au département, ils arrivent à former les milliers d’étudiants du département. Chapeau à eux.

Réalisation : Mahussé Barnabé AÏSSI

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