Le 25 octobre 2024, un accord historique a été signé entre les douanes béninoises et chinoises, marquant une avancée significative dans la coopération douanière entre les deux pays. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique plus large, visant à renforcer les échanges commerciaux et à moderniser les infrastructures douanières des deux nations. L’accord de Reconnaissance Mutuelle (ARM) relatif aux programmes d’Opérateurs Économiques Agréés (OEA) témoigne non seulement des ambitions économiques communes, mais aussi de la volonté partagée d’améliorer la fluidité et la sécurité des échanges commerciaux internationaux.
C’est un accord marque un tournant majeur pour le Bénin ! Il devient ainsi le premier pays africain et le quatrième au monde à signer un tel accord avec la Chine, après l’Afrique du Sud. Le programme OEA, initié par l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD), vise à renforcer la sécurité, la transparence et la prévisibilité du commerce international, en facilitant les échanges de marchandises entre les opérateurs économiques certifiés OEA à travers les frontières. Pour le Bénin, cette reconnaissance mutuelle ouvre de nouvelles perspectives, notamment en facilitant les échanges avec l’une des premières puissances économiques mondiales. Comme l’a souligné Aimé Yvan Kavegive, Directeur Général Adjoint des Douanes béninoises, « cet accord est une étape décisive pour nos opérateurs économiques, en particulier ceux qui exportent vers la Chine ».
La coopération sino-béninoise en matière de gestion douanière…
La visite de la délégation des douanes chinoises au Bénin en octobre 2024 a permis d’approfondir cette coopération bilatérale. Les discussions entre les autorités des deux pays ont permis de poser les bases d’une collaboration renforcée dans des domaines cruciaux, tels que la lutte contre la fraude, la facilitation du commerce et la gestion des risques. Ce rapprochement permet ainsi de partager des expériences respectives dans la gestion des procédures douanières, tout en garantissant une meilleure sécurité des échanges internationaux. « Cet accord est un modèle de coopération gagnant-gagnant », a ajouté Yang Hai, DGA des Douanes chinoises, soulignant l’importance de cette coopération pour les deux nations.
Le rôle des opérateurs économiques agréés (OEA) est central dans ce cadre. En adhérant à ce programme, les entreprises sont reconnues comme fiables par les autorités douanières, ce qui réduit les contrôles et accélère les procédures de dédouanement. Cela permet de réduire les coûts logistiques et d’améliorer la compétitivité des entreprises sur le marché international. Pour les entreprises béninoises, en particulier celles engagées dans l’exportation, l’accord représente un traitement privilégié, notamment en matière de délais et de normes phytosanitaires, qui constituent souvent un frein dans les échanges avec des pays comme la Chine.
La modernisation des douanes béninoises
Le succès de cet accord repose en grande partie sur les réformes internes entreprises par le gouvernement béninois pour moderniser son administration douanière. Le processus de mise en place du programme OEA au Bénin a débuté en 2021, avec la formation d’un groupe de travail destiné à structurer ce programme et à en faire un modèle de transparence et d’efficacité. Cette initiative s’inscrit dans un processus plus large de restructuration des services douaniers, visant à les rendre plus modernes et plus efficaces.
Dans cette perspective, Hermann Takou, Directeur de cabinet du Ministère de l’Économie et des Finances, a salué les réformes entreprises : « Nous avons réorganisé nos services, dématérialisé les procédures de dédouanement et introduit des techniques modernes de contrôle. Ces mesures ont permis de fluidifier les transactions des opérateurs tout en garantissant la sécurité de la chaîne logistique internationale ». Ce virage numérique et technique est en phase avec les standards internationaux et renforce la position du Bénin comme un acteur fiable dans le commerce international, en particulier en Afrique de l’Ouest.
Une vision stratégique pour le Bénin et la Chine
L’accord signé avec ce pays d’Asie de l’Est, la Chine s’inscrit également dans la vision stratégique du Bénin et de la Chine pour renforcer leurs liens économiques et commerciaux. La Chine, par cet engagement, soutient la modernisation des infrastructures douanières béninoises et l’introduction de pratiques avancées en matière de contrôle et de gestion des risques. Pour la Chine, cette coopération représente une opportunité de développer ses échanges commerciaux avec le Bénin, tout en renforçant ses liens avec la région ouest-africaine.
L’accord OEA n’est qu’un volet d’une coopération plus large entre les deux pays, qui s’étend également aux secteurs des infrastructures, de l’énergie et du commerce. La diplomatie béninoise, particulièrement après sa participation au dernier sommet sino-africain, semble vouloir approfondir son partenariat avec la Chine, dans le cadre de la Route de la Soie et des échanges économiques intercontinentaux.
En somme, l’accord de reconnaissance mutuelle entre les douanes béninoises et chinoises représente une avancée majeure pour le Bénin, en l’intégrant davantage dans les circuits commerciaux internationaux. En facilitant les échanges, en réduisant les délais de dédouanement et en renforçant la sécurité des transactions, cet accord ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises béninoises, tout en consolidant les relations sino-africaines. Le Bénin, désormais mieux connecté à la Chine, peut espérer bénéficier d’une compétitivité accrue sur les marchés mondiaux, avec des répercussions positives pour son économie et pour l’ensemble de la région ouest-africaine.
Mahussé Barnabé AISSI