Ce vendredi 12 mai 2023, l’université d’Abomey-Calavi a été le théâtre d’une opération musclée des forces de l’ordre. Après le déguerpissement des étudiants et présumés étudiants du bâtiment BID B, Habib Ahandessi et Lionel Hounwanou ont rassemblé les étudiants victimes pour les réconforter et leur donner un espoir.
Suite à cette opération surprise de déguerpissement, le désarroi des occupants du bâtiment BID B inachevé transparait sur les visages à moitié inondés de larmes. Bagages en mains, matelas vétustes et accessoires de cuisine à côté, un étudiant régulièrement inscrit en Lettres modernes cherche désespérément une porte de sortie. Il se demande s’il faut retourner au village ou quémander la générosité des amis, le temps de composer les sessions qui se pointent à l’horizon.
Mais ce n’est pas gagné d’avance. Car, à l’en croire, l’inévitable est fait : ‹‹ je n’ai aucun ami chez qui m’héberger ; par ricochet, je dois retourner à Avrankou ». Comme lui, des centaines d’autres se plaignent de leur situation. Doit-on désormais les désigner par le pseudonyme »sans abris » ou »sans domicile fixe » ? Ce qui est certain, ils ne sont pas tous des étudiants. C’est du moins un constat qui frappe à l’oeil. Dans le lot, le visage à la limite morose d’une femme, mère de deux enfants, témoigne de la diversité des individus résidents dans ce bâtiment.
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C’est ce que confirment les propos de Fiossi Francisco, président du Comité d’action pour le bien être de l’environnement (Caben). « Il y a des étudiants et des non-étudiants. Il y a des étudiants qui n’ont pas pu déposer les dossiers pour obtenir les cabines ; au même moment, il y a des intrus qui habitent dans le bâtiment », a confié Fiossi Francisco.
Le plaidoyer de Lionel Hounwanou
Face à cette situation déplorable, des voix s’élèvent au sein des organisations estudiantines pour plaider le cas des étudiants innocents régulièrement inscrits à l’université d’Abomey-Calavi. Ainsi, le président de l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb), envisage des mesures palliatives. Lionel Hounwanou puisque c’est de lui qu’il s’agit, invite tous ses camarades étudiants régulièrement inscrits, à bien vouloir fournir les copies de leur carte d’étudiant et fiche de préinscription validée de l’année en cours.
« Nous à notre tour, allons prendre le devant des choses en nous rapprochant des autorités pour prouver qu’il y a des étudiants régulièrement inscrits qui vivent dans le bâtiment », a précisé Lionel Hounwanou. Cette approche, selon le président de l’Uneb a pour but de négocier la possibilité de réintégrer les étudiants dans le bâtiment, le temps que l’année académique en cours prenne fin. Bien-sûr, la condition sine qua non est que les forces de l’ordre y fassent irruption de temps en temps pour des vérifications. Pourvu que les autorités cèdent à la doléance.
Le réquisitoire de Habib Ahandessi
En attendant que les autorités cèdent à la doléance des organisations estudiantines, Habib Ahandessi revient à la source et situe les responsabilités dans cette affaire de bâtiment inachevé. Celui qu’on surnomme »Le Révolutionnaire » à côté de son homologue Lionel Hounwanou, devant les étudiants et les forces de l’ordre, jetent du discrédit sur les personnes en charge du réfectionnement de ce bâtiment laissé pour compte depuis des années.
Pour lui, loin de régler les problèmes d’insécurité constatée sur le campus, ce déguerpissement participera probablement à envenimer la situation. « Car certains se feront accueillir par de petits groupes. Alors qu’on veut assurer la sécurité du Bénin, on crée d’autres problèmes d’insécurités », s’est-il justifié.
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Par ailleurs, Habib Ahandessi a invité les étudiants à travailler en synergie avec les organisations estudiantines afin de trouver les solutions qui s’imposent. Faut-il le rappeler, cette descente inopinée des forces de l’ordre a permis de faire le grand ménage et de mettre la main sur des colis de chanvre indien et divers objets tels que des menottes, un gaz lacrymogène, des machettes et couteaux, etc.
Ignace TOSSOU & Constantin SOUDONOU