Une malédiction frappe Akambi et son frère depuis un certain nombre d’années. Malheureux dans la vie professionnelle, les deux frères n’arrivent pas à ex- pliquer les malheurs qui s’abattent sur eux. Après consultation, il leur est révélé qu’un crime de sang commis par leur père est la cause de cette infortune. Mais pour y mettre fin, tout un rituel qui exige mort d’hommes dans la famille leur est proposé. Qui pour se sacrifier ? La réponse se trouve dans le roman ‘‘Le péché du père’’ de Abdel Hakim Laleye.
Comme si ce roman paru en 2014 avait embrasée une réalité passée, présente et future à la fois, l’histoire se répète, comme dans une boucle. Cette fois, la malédiction a frappé trois frères : les étudiants, les enseignants et le personnel administratif technique et de service. Des problèmes académiques et sociaux des étudiants aux problèmes de recrutement des enseignants passant par ceux d’assurance maladie et de revalorisation salariale du personnel administratif technique et de service, les trois frères malheureux n’ont cessé de décrier et de crier au secours de leur père.
Au cours d’un rituel qu’ils font annuellement en famille, le père leur fit une révélation. Il avoua : « Si les solutions à vos éternels problèmes étaient chez moi à la maison, il y a longtemps que ces problèmes seraient déjà résolus ». Tel un père saint et sain, il ne se reproche rien, du moins en ce qui concerne les solutions à ces problèmes sus cités. A l’en croire, il faudra plutôt s’en prendre à son père à lui. Celui-là même dont la ruse et la rage sont le leitmotiv ; et le sacrifice sa conviction.
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A cette réponse, ils furent tous ébahis, abattus et chagrinés. Quel sacrifice devront-ils faire pour décanter la situation ? Ma plume sans décevoir, voudrait plutôt s’en prendre au père et au grand-père. Au père ma plume voudrait rappeler ce proverbe : « qui peut le plus, peut le moins ». Autrement, s’il a clamé qu’il aurait résolu les problèmes faramineux dont souffre l’univers cité d’Agbomey Candofi en d’autres circonstances, il est bien capable de résoudre sans arduosités les problèmes « insignifiants » mais non négligeables de la maison.
Il s’agit entre autres des faux frais imposés aux étudiants notamment les frais d’inscription pédagogique, de réclamation de notes, de travaux pratiques etc ; le retard dans la délivrance des actes académiques (relevés de notes, attestations, diplômes etc) ; les casiers vides ou les omissions de notes, le retard criard dans le processus de soutenance, tutti quanti. Conscient que ces problèmes-là ne dépendent pas du grand-père et sont plutôt intrinsèques à ses frères doyens, ma plume voudrait l’inviter à ne pas faire piètre figure et à jouer convenablement le rôle de paternité qui est le sien.
Quoi qu’il en soit, il est d’abord un universitaire, et son bilan parlera après lui. Au grand-père m’a plume voudrait souffler que ses petits-fils sont très remontés contre lui. Loin d’oser une proposition comme leur grand-frère Eric, ils espèrent juste une réponse, une action et une proximité à leur endroit. Autrement le péché du père et celui du grand-père seront gravés dans les annales des pères ennemis à la famille. Qu’il n’en soit pas ainsi !
Arsène AZIZAHO, dans Chronique « Franchement », extrait de la parution n°224 de novembre 2023