L’arrière de la résidence universitaire F Canadien affiche le sombre tableau d’une insalubrité remarquable. Une telle situation découle directement des actions des résidents eux-mêmes et révèle l’urgence d’une prise de conscience et d’action. Découvrez le film de cette putréfaction criante dans la suite de cet article.
Un constat alarmant, criard ! Sacs usés, coquilles d’œufs, coques d’arachides, couronne d’ananas, boîtes de conserves et canettes vides, etc. Telles sont les ordures qui jonchent le sol à l’arrière du bâtiment F Canadien; celui-là même qui abrite des dortoirs réservés aux étudiants ainsi que les studios des institutions spécialisées Eace et Ucae. Non seulement recouvert de détritus, une partie de la petite terrasse en dessous des dortoirs a tronqué sa couleur grisâtre contre un vert foncé.
Les déchets ménagers et plastiques s’y côtoient au vu et au su de tous. Ils donnent ainsi à cet emplacement un air de dépotoir à ciel ouvert. Vendredi. Douze heures passées de cinq minutes environ. Des étudiants comme d’autres usagers de l’université d’Abomey-Calavi empruntent le chemin de terre juste derrière ledit bâtiment. Seuls ou en petits groupes, ils sont témoins de cette insalubrité remarquable. « L’arrière du bâtiment est dégradé avec la présence d’herbe, de sachets plastiques et d’autres ordures », remarque tristement Charles Saizonou, étudiant en CBG à la Fast. 12h24. Alors que nous prenons l’avis d’une étudiante, nous sommes témoins d’un spectacle singulier.
Un étudiant résident se pointe au balcon et, avec une désinvolture absolue, s’adonne à une partie de sa toilette matinale. Brosse à dents en bouche, gobelet d’eau en main, il se livre à l’entretien de son hygiène bucco-dentaire. Salive blanchâtre et eau de rinçage sont expédiées du haut pour finir leur course sur les immondices au pied de l’édifice. A sa suite et à intervalles de temps irréguliers, d’autres résidents se livrent à des actions similaires.
Le mode opératoire reste le même. La seule différence remarquée se situe dans la nature des déchets jetés du balcon : papiers mouchoirs, sachets noirs noués aux contenus inconnus et bien d’autres. Loin de s’en soucier, les résidents des dortoirs semblent s’être accommodés d’une insalubrité dont ils sont les principaux acteurs. Interrogée à ce propos, Céline, étudiante à la Faseg s’indigne avec une pointe d’amertume. « C’est trop sale. Je détourne le regard chaque fois que je passe parce que ça m’irrite ». Le temps s’égrène à sa vitesse habituelle.
Instant film !
Le soleil fait une apparition timide dans le ciel. Une commerçante ambulante et quelques passants viennent se reposer à l’ombre du grand arbre bordant le terrain de basketball. Assis au bord du terrain, ils font face, le visage neutre, à cet espace insalubre. Tous n’y sont pourtant pas indifférents. C’est le cas de Euloge, étudiant en CBG à la Fast, qui attire l’attention sur les retombées d’une telle pollution sur le plan sanitaire. « C’est néfaste pour la santé des résidents et des passants. Ça sent mauvais », fait-il remarquer.
Quand il est question de trouver une solution pour pallier une telle pollution, les avis sont multiples. Euloge préconise la sensibilisation et soulève la responsabilité des responsables universitaires. « L’entretien des bâtiments universitaires incombe au Cous-Ac. C’est à eux de nettoyer et de sensibiliser les étudiants pour qu’ils n’y jettent plus des déchets ».
Cependant, son avis ne fait pas l’unanimité. « C’est regrettable de voir un environnement si malsain surtout quand on sait que ce sont des étudiants qui y vivent. Ce n’est pas un travail que les résidents devraient s’attendre à ce que les dirigeants viennent accomplir pour eux. Il est de leur devoir de rendre leur environnement de vie propre. Je leur recommande de former de petits groupes pour arranger les alentours de leur résidence », clame Modeste Dansou, un usager rencontré sur place.
Et à Neil, étudiant à l’Institut du cadre de vie, de renchérir : « Les chefs paliers doivent s’organiser avec les autres résidents pour assainir le lieu. S’ils y vivent alors ils sont chargés de prendre soin de leur cadre de vie ». Pour finir, Charles Saizonou rassure quant à la mise en place d’un projet d’assainissement écologique qui prendra en compte les édifices de l’université et qui pourrait efficacement résoudre le problème de l’insalubrité. « Les étudiants fastiens, précisément ceux de la CBG, travaillent actuellement sur un projet concernant la salubrité aux alentours des bâtiments de l’université. Ils ont proposé une machine pouvant permettre un recyclage des déchets pour la production d’énergie, de gaz naturel et de compost », nous a-t-il confié.
Mais en attendant, il faut que ces étudiants résidents changent la donne en décrétant une journée de salubrité dans les jours à venir. D’ailleurs, les herbes ont été sarclées. C’est une avancée !
Ardiès SIANOU, Boris KAKPO, Bérenger HOUNHOUEGNON, Sessi DJOSSOU AKAN & Anicet Dèdè ZANNOU(Stags.)