Cérémonie de dot au Bénin : de la tradition à l’escroquerie déguisée !

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Dans la culture béninoise, le processus de la dot autrefois flexible et porté à la capacité du candidat au mariage devient de plus en plus compliqué aujourdhui et inspire même l’escroquerie à peine voilée. Tout se passe comme si des belles-familles se servent de la tradition comme appât pour exiger une dot colossale à leurs gendres nubiles. Une contrainte qui pousse les prétendants les plus méfiants à renoncer à leur âme sœur.

La dot est une tradition africaine, un symbole fort du mariage coutumier. Elle succède la phase de connaissance que la loi N°2021-13 du 20 décembre 2021 portant code des personnes et de la famille reconnaît en son article 113 comme les fiançailles. Elle est une vieille tradition qui est toujours pratiquée mais pas comme autrefois. Plus qu’un préalable, elle est d’une importance capitale et incontestée à telle enseigne que les familles du marié et de la mariée engagées dans cette voie seraient scandalisées à l’idée de ne pas adhérer à cette coutume. Pourtant, ce rite symbolique est malheureusement vu sous un autre aspect par la société actuelle. Un regard contrasté qui engendre une déformation de cette tradition africaine. Mais étant donné que cette coutume est l’union de deux familles, la dot est aussi une preuve d’attachement à la belle-fille. Pour toutes les coutumes traditionnelles, elle devient de plus en plus exposée aux abus du monde moderne. Plus d’un trouve aujourdhui que le processus de la dot est compliqué et confus pour les couples. En effet, la famille du marié est souvent confrontée à une liste d’articles peu digeste. C’est à croire que les listes de dot qu’élabore la famille de la mariée est de nos jours attigée. Des énumérations fantaisistes qui font tracasser longuement. Pour Théonas Ahokpe, un étudiant, cette réalité est le fruit des influences de la mondialisation sur les traditions africaines. « L’exagération sur les listes de dot est un fait modernisé de nos jours », affirme-t-il.

Cérémonie de dot

Avidité ou pauvreté des parents de la mariée ?

Les raisons qui expliquent cet état de chose sont nombreuses. L’un des facteurs clefs est la pauvreté, selon Hervé Olou, un professeur de français. A l’en croire, la situation financière de certains mariés, malgré leur engagement ne leur permet pas de faire une dot grandiose à leur future épouse ou de respecter la liste de dot que la belle-famille leur impose. Par contre, il y en a qui font au-delà de la liste prescrite. À en croire Hervé Olou, « certains mariés qui sont un peu aisés offrent des articles coûteux même s’ils ne sont pas sur la liste (une voiture, une moto, une maison construite) ». Conséquence, « les parents ou invités présents à cette cérémonie de dot éblouissante intègrent cela sur la liste de dot de leur fille sans pour autant se soucier de la situation financière du marié ». Sous d’autres cieux, « cette exagération dans la liste de dot peut être un piège pour tester l’intérêt que le marié accorde à la fille », pense Dorothée Agossou, commerçante et mère de deux filles. Mais, c’est ignorer que l’abus de toute chose nuit. De tel piège, s’il en est un, a déjà détruit plusieurs jeunes couples qui, au matin de la relation étaient dans l’apothéose de se marier un jour. Un beau rêve que cette habitude qui constitue un handicap dans la tradition africaine a déjà sapé à maintes reprises. A l’occasion des investigations menées à cet effet, un jeune homme ayant requis l’anonymat, fait savoir qu’après plusieurs mois de concubinage il avait décidé d’aller rencontrer les parents de sa copine. Chose quil avait faite, mais il avoue que c’était à cause de la liste de dot qu’il a dû abandonner cette relation. Le mal prend racine dans la société, porte atteinte à la tradition béninoise et ses valeurs tant préservées. A cette époque où le gouvernement béninois promeut la tradition béninoise, la filière dot se révèle au grand jour une escroquerie sournoise de jeunes prétendants. Il serait plus juste que les législateurs se penchent sur la question et votent une loi pour débouter les escrocs.

Parution n° 217

Lydie KIOSSOU in parution n° 217 de décembre 2022

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