Après dix ans de carrière dans la lutte estudiantine, Habib Ahandessi dépose les armes. Il a annoncé son retrait des mouvements à l’Université au lendemain de sa libération par la Cour des Répressions des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet) à Porto-Novo.
« Je me retire de toutes les luttes à l’université. Si les nouveaux responsables ont besoin de mes conseils, je serai toujours ouvert à eux. Mais vous ne me verrez plus dans les mobilisations à l’université ». C’est sur ces mots que Habib Ahandessi, surnommé « Le Révolutionnaire » ou encore « Capi Révo », a annoncé avec désolation son retrait de la lutte estudiantine, au lendemain de sa libération par la Criet. Cette lutte qu’il a menée pendant une décennie et pour laquelle il a milité de bout en bout et de fond en comble, peut-on retenir de son direct du jeudi 28 juillet 2022, sur Facebook. « Je suis resté dans la lutte estudiantine pendant 10 ans. Il est quand-même temps de se retirer », a confié avec amertume le Président d’honneur de l’ONG « La voix des étudiants ». À l’en croire, il s’agit d’une décision difficile mais responsable.
Le fruit de son arrestation ?
La réponse à cette interrogation pourrait sans doute s’avérer positive. Mais il reste le seul à détenir les vraies raisons de sa décision. « Ma famille aussi a besoin de moi, je ne peux pas continuer ma vie dans un contexte où les gens ne reconnaissent même pas le combat que je fais. J’ai une ONG qui va continuer à soutenir les étudiants », a-t-il clarifié. Quant aux détracteurs et aux partisans estimant que c’est le fruit de son arrestation et de sa garde à vue, il répond niet. « Non les amis ! J’ai traversé pire que ça ; j’ai été gardé en vue 7 fois déjà et fait deux fois la prison », a rappelé Habib Ahandessi. Pour l’activiste, ces moments ne sont que des formalités que doit remplir un combattant qui promeut la liberté. « Je n’ai pas changé de discours », a-t-il rassuré.
Place aux jeunes…
« Il faut laisser la place aux plus jeunes. Le mouvement étudiant est un mouvement social, c’est un mouvement de masse, sans moi, il vivra ». Sur ces propos, il estime qu’il y a d’autres qui sont capables et peuvent désormais prendre le relais. La relève serait donc assurée. « Avant moi, il y avait le Général Assè André ; après « Capi Revo », il y en aura d’autres », a-t-il précisé. C’est à juste titre qu’il rend hommage aux jumeaux Alexis et Alexandre Hounyo.
Les raisons fondamentales de sa dernière arrestation
Habib Ahandessi alias Le Révolutionnaire et son assistant ont été arrêtés le samedi 23 juillet 2022 alors qu’ils se rendaient à son domicile. Mis en garde à vue depuis le jour de leur arrestation, ils ont été libéré par la Cour des répressions des infractions économiques et du terrorisme. Les informations relayées par plusieurs médias locaux en ligne, rapportent qu’il lui est reproché sa réaction après le communiqué du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique le jeudi 22 juillet dernier. En effet, le ministre Alassane Séidou a ordonné dans un communiqué radiodiffusé la semaine écoulée les associations paramilitaires appartenant aux différentes organisations estudiantines de l’Université d’Abomey-Calavi de cesser leurs activités. « Les organisations estudiantines sont appelées à mettre fin à l’existence des milices organisées en « garde fédérale », « brigade rouge », « code », etc » a instruit le Alassane Séidou. En réponse à cette décision ministérielle, Habib Ahandessi aurait jugé dans un direct sur sa page Facebook la décision « vide ». Pour celui-ci, une autre décision pourrait être prise à la place de celle-ci pour résoudre le problème causé. « On pouvait prendre d’autres décisions et ne pas parler de suspension » articule-t-il dans sa vidéo directe. Selon les informations du site d’information « Le Grand Mono », il a été également repêché contre lui d’autres chefs d’accusations comme la guerre de leadership entre les responsables des organisations estudiantines à caractère syndicale de l’UAC conduisant aux affrontements notamment à la bagarre du 14 décembre 2021 conduisant ses camarades de lutte, les frères jumaux de l’Unseb Alexis et Alexandre Hounyo, en prison.
Pour rappel, sa dernière lutte remonte à quelques jours, dans le combat mené conjointement avec l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin pour défendre les étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Uac. Dans le rang des étudiants, la série des faits à l’Uac ces dernières semaines réjouit plus d’un. Alors qu’une autre page vient d’être fermée, l’avenir sur ce campus d’Abomey-Calavi se dessine autrement…
Roméo AGBANVO & Arsène AZIZAHO / Le Révélateur