Félicité Kossi n’a pas encore son permis d’études en main, mais elle se rapproche du but. Cette élève togolaise est en attente du précieux document pour commencer sa formation en génie électrique au Cégep de Jonquière. Elle fait partie d’un groupe de 14 élèves africains bénéficiaires d’une bourse d’excellence du gouvernement du Québec dont le permis avait initialement été refusé par Ottawa, comme l’avait rapporté La Presse mardi.
Elle a reçu samedi une lettre du ministère fédéral de l’Immigration lui demandant d’envoyer son passeport pour finaliser sa demande. Elle l’attendait depuis des semaines et commençait à perdre espoir puisque les cours au Cégep avaient commencé le 19 août.
« J’étais très émue. Je le suis toujours », a-t-elle raconté peu de temps après avoir lu la lettre électronique. Nous l’avons jointe à Lomé, la capitale du Togo, où elle réside. « J’étais vraiment contente parce que c’est quelque chose que j’ai attendu depuis très longtemps, même que je pensais que ça n’allait jamais arriver. » Plusieurs autres élèves du groupe de 14 boursiers d’excellence choisis pour étudier dans les quatre établissements collégiaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont aussi reçu une lettre leur indiquant que leurs dossiers avaient avancé.
Félicité et ses compatriotes se sont butés à la bureaucratie d’Immigration, Citoyenneté et Réfugiés Canada au cours de leurs démarches entamées il y plusieurs mois. Dans presque tous les cas, leurs demandes ont été refusées « en raison du manque de preuve de capacité financière ».
La bourse leur assurait pourtant 14 000 $ par année durant toute la durée de leurs études, en plus de l’exonération de leurs droits de scolarité, pouvant varier entre 7000 $ et 11 000 $ pour les élèves internationaux.
Onze d’entre eux ont fait une demande de révision et attendent toujours dans leur pays alors que les cours au Québec sont déjà commencés. « La meilleure décision, c’est de reporter en janvier », constate Félicité, un brin déçue d’avoir raté la rentrée d’automne.
Elle avait jusqu’au 9 septembre pour commencer ses cours avec trois semaines de retard. Après cette date, la session est bien entamée et l’écart est plus difficile à rattraper. « On va tout faire pour l’accompagner, c’est sûr », affirme le directeur général du cégep de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qui n’était pas en mesure de dire quand elle pourrait commencer ses cours.
Les quatre directeurs généraux du collège d’Alma, du cégep de Chicoutimi, du cégep de Jonquière et du cégep de Saint-Félicien avaient dénoncé récemment le refus de ces permis d’études dans une lettre adressée au ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller. « Avec la bourse de 14 000 $ ainsi que l’appui de leurs proches dûment prouvé, ces refus nous apparaissent totalement injustifiés », avaient-ils écrit.
Ils avaient pu rencontrer les représentants du ministre Miller mardi, mais étaient sortis déçus de la rencontre. M. Gaudreault déplorait que pour la première fois en 10 ans, aucun des boursiers d’excellence n’allait pouvoir s’inscrire dans son établissement.
« Je suis heureux que ça débloque. C’est vraiment une bonne nouvelle. Mais je continue de me questionner sur le processus. Comment ça se fait qu’il a fallu que ça sorte médiatiquement pour que ça débloque ? », Sylvain Gaudreault. « Je pense qu’il va falloir clarifier les règles et surtout les délais pour les années futures », a-t-il ajouté.
Les 14 élèves africains semblaient subir les conséquences de la hausse des ressources financières requises pour étudier au Canada, qui sont passées de 10 000 $ à 20 635 $ en janvier. Ce seuil est plus élevé que la somme de 15 078 $ requise au Québec.
La bourse d’excellence du gouvernement du Québec vise à inciter des élèves internationaux performants à étudier en français dans des Cégeps hors de la grande région de Montréal et dans des domaines où le besoin de main-d’œuvre est criant, comme le génie électrique, le génie mécanique, le génie industriel ou la chimie analytique.
