Après les événements de 2016 et 2017, l’Univers Cité d’Agbomey Candofi se trouve à nouveau à un tournant critique de son histoire. Alors qu’elle est déjà confrontée à une multitude de défis liés aux conditions d’études et de vie des étudiants et à une pléthore de réformes (une trentaine depuis 2016), un nouveau décret piloté par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est sur le point de voir le jour.
Je n’invente rien. Fofo Féli lui-même en a fait cas à la cérémonie de présentation du bilan de l’an 2 de leur gestion. Un bilan que nous avions réclamé dans notre précédente chronique. « Un nouveau décret portant attribution, fonctionnement et organisation de l’université d’Abomey-Calavi, selon les informations que nous avons reçues est presqu’imminent . Ce décret nous a bloqués quelque part dans des décisions que nous devrions prendre », a confié le recteur de l’Univers Cité d’Agbomey Candofi. ‘‘Nous a bloqué’’ a-t-il précisé. Faut-il s’en inquiéter ?
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A mon humble avis, un décret qui bloque des décisions, loin d’être une bouée de sauvetage, semble plutôt s’annoncer comme un nouveau missile en approche. Un missile comparable au décret n°2017-155 du 10 mars 2017 portant critères d’attribution des allocations d’études universitaires ou à celui n°2017-485 du 02 octobre 2017 définissant les modalités de collaboration des organisations estudiantines avec l’Etat et les autorités des universités publiques en République du Bénin. Un missile qui va davantage compliquer la vie universitaire ? Se questionne ma plume.
En vérité, en vérité, je vous le dis ! Les contours de ce nouveau décret, bien que pas encore entièrement dévoilés, laissent présager des changements significatifs dans l’attribution, le fonctionnement et l’organisation de l’Univers Cité d’Agbomey-Candofi. Les rumeurs qui circulent évoquent des réformes qui pourraient impacter non seulement la gestion administrative et financière de l’université, les modalités d’enseignement et de recherche, mais aussi les modalités d’attribution des allocations universitaires.
Tenez ! Par exemple, le 26 juillet 2023, le directeur de l’Institut national de l’éducation physique et sportive (Ineps) a pris subitement la décision de suspendre les bourses d’études aux étudiants boursiers pour l’entrée en première année de master. Autrement, les étudiants boursiers classés par l’Etat ne pourront plus bénéficier des bourses en continu pendant 5 ans comme d’habitude, mais plutôt trois ans à l’avenir.
Chose étrange, le communiqué du directeur de l’Ineps, qui est sans ampliations aucunes précise que c’est conformément aux réformes en cours dans l’enseignement supérieur. Lesquelles réformes ne sont pas encore officielles. Nous l’avions dénoncé dans notre précédente parution et la situation de ces étudiants en première année de master a été normalisée. Ces agitations sont la preuve de ce que présage ce nouveau décret.
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Et déjà, ma plume coule, pas d’encres mais de larmes. Parce que, ce qui est en jeu, c’est l’avenir de l’enseignement supérieur au Bénin. C’est une évidence, les autorités ont forcément de bonnes raisons ; elles ont une bonne foi. Je n’en doute point. Cependant, un décret aussi bien intentionné soit-il ne peut faire l’économie d’une approche participative qui inclue étudiants, enseignants et personnels. Autrement, ça fera plus de mal que de bien. Et franchement, l’Univers Cité d’Agbomey-Candofi ne mérite pas un nouveau missile. Aux universitaires, restez sur vos gardes ! Ma plume vous aurait prévenus.
Arsène AZIZAHO, in Chronique « Franchement », extrait de la parution n°226 de janvier 2024