Le Syndicalisme universitaire à genoux

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Salut camarade ! Camarade salut ! Qui aurait cru en avril 2016 que cette marque du syndicalisme perdrait toute sa force, sa vivacité et sa rage au bout de sept ans ? Personne n’est-ce pas, sinon les pionniers du gouvernement de la rupture. Qu’il soit prémédité ou encore une nécessité, le gouvernement dit de la rupture aura réussi son coup. Un coup que personne n’a vu venir. Encore moins les philosophes, mathématiciens, juristes, scientifiques, bref les universitaires. Un coup matérialisé par le déferlement des multiples réformes dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Un secteur comme tant d’autres enclin à « une crise sociale exacerbée par les mesures de restriction des droits de grèves, des libertés syndicales, d’association, de piétinement de certains droits acquis, qui sont soit remis en cause soit mis entre parenthèses par les gouvernants du système éducatif en général », peut-on lire dans le rapport 2020-2023 du Synares (Syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur). Selon le même rapport, le gouvernement aurait opéré, en tout et pour tout, depuis 2016 une trentaine de réformes, soit 31 plus exactement, dans le secteur de l’enseignement supérieur. Des réformes auxquelles faut-il le rappeler plus d’un des acteurs n’ont été conviés ni consultés.

De la mise en quarantaine des organisations estudiantines dépourvues de presque tout leur arsenal, aux manques d’infrastructures et d’enseignants passant par la suppression sine die de la démocratie universitaire acquise depuis la période révolutionnaire, l’enseignement supérieur béninois aura brillé ces dernières années par l’intimidation, les grands discours réformistes et la relégation de l’étudiant au second rang.

Conséquence, la peur a embrasé étudiants, responsables étudiants, et même enseignants. Ce qui a inévitablement mis à genoux le syndicalisme universitaire, sans que les syndicalistes eux-mêmes s’en aperçoivent. Heureusement, les enseignants eux prennent petit à petit les taureaux par les cornes ; Ils ont compris que le système est bien faillible. Quid des orgnisations estudiantines elles, qui semblent sombrer de plus en plus. Elles qui ont autrefois secoué l’université, pour que le droit de l’étudiant béninois triomphe.

Attention, il ne s’agit pas de l’apologie de la violence. C’est à reprimer avec la dernière rigueur. Elle n’a apporté que malheur. Cependant, le maheur qui plane sur la tête des centaines de milliers d’étudiants béninois est encore plus criard. Quoi qu’il en soit, inutile de remuer le couteau dans les plaie. Faut-il espérer qu’un miracle se produise pour que le mouvement syndical universitaire se relève. Sinon, « il mourrait ». Et dans ce cas, honte ira à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre y ont participé. Ma plume aura averti.

Mais peut-être faut-il au moins garder à l’esprit cette pensée de thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort ». Etudiants et enseignants, la balle est donc dans votre camp ! Comme l’a dit Kassa Mampo, le SG de la CSTB, « vous devez vous lever, vous mettre ensemble, pour vous battre ! »

Arsène AZIZAHO, dans Chronique « Franchement », extrait de la parution n°223 d’octobre 2023

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