Moult bouleversements des œuvres sociales à l’Uac : le Cous-ac indexé, la réforme de passation de marchés publics au banc des accusés

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La rentrée universitaire 2022-2023 connaît assez de décombres dans les prestations des services sociaux qu’offre le Centre des œuvres sociales et universitaires d’Abomey- Calavi (Cous-Ac). Du transport estudiantin au service d’hébergement passant par celui de restauration, les étudiants sont muselés dans leur droit, car les prestations n’auraient pas été loin d’être qualifiées de médiocres. Et tout cela aurait été orchestré par la réforme de passations de marchés publics engagée par le gouvernement.

Le transport estudiantin suspendu, les résidents sans dotations, des repas sans protéines et des plats très limités dans les restaurants. C’est le visage que présentent les prestations des services sociaux du Centre des œuvres universitaires et sociales d’Abomey-Ca­lavi (Cous-ac) qui martyrisent les étudiants. Les conditions de vie sociales de ces derniers ne sont pas reluisantes. En effet, la ren­trée 2022-2023 aurait démarré avec tous les maux possibles. Aucun service social n’aurait connu de succès cette année. D’abord, tout a commencé par le trans­port universitaire. Ce sous-secteur des services du Cous-ac qui permet à de milliers d’étudiants de se rendre à l’uni­versité a connu un retard. Bien que la rentrée académique en cours ait démarré dans tous les secteurs de l’enseignement y compris le supérieur et ait été officiellement lancée le vendredi 28 octobre 2022 à l’Uac, le transport estudiantin n’a repris que le 25 janvier 2023 suite à plusieurs pressions de certaines organisations estudiantines. Cependant, les voyages n’ont duré qu’à peine un mois. Le 17 février 2023, la ministre de l’Enseigne­ment Supérieur et de la Recherche Scien­tifique a pris la décision de suspendre momentanément le transport estudiantin des étudiants de l’Uac. Pour cause, dans l’intervalle d’une semaine, deux d’entre les moyens roulants du Cous-ac en acti­vité ont pris feu. Le premier ayant à bord des étudiants a surchauffé en produisant de vives fumées. Le second, quant à lui, a pris véritablement feu, mais sans les étudiants à bord, car il allait chercher les étudiants pour le premier voyage de cette journée. Il s’agit là d’une défaillance qui décline d’un manque d’accompagne­ment du transport universitaire de l’Uac depuis quelques années. Il n’est plus à démontrer que les bus du parc du Cous-ac de l’université d’Abomey-Calavi sont vieux d’au moins huit ans. « Les derniers bus ont été acquis en 2015 », confie un agent garagiste du Cous-ac ayant requis l’anonymat. Selon ses explications, la cause de cet incendie est la destruction de la couche protectrice du moteur contre le chauffeur. Cette couche presque de tous les bus se démolit et se déverse sur le moteur. C’est donc la contraction de la chaleur et des résidus de la couche déversés sur le moteur qui occasionne le surchauffage du moteur puis sa brulure. Si le transport estudian­tin est le sous-secteur social agonisant, l’hébergement et la restauration ne sont pas exemptés de problèmes.

Les bêtes noires des résidences

Dans les résidences universitaires, il y a des bêtes qui ménagent avec les étudiants résidents. Ce service qui a repris tôt cette année ne saurait satisfaire les étu­diants. Du moins, les conditions ne sont pas réunies pour permettre aux étudiants de vivre dans le confort. Pénurie d’eau, coupure d’électricité, absence de dota­tion. Ce sont les grands maux qui minent le secteur de l’hébergement à l’Uac. Pour preuve, le 14 février 2023, les étudiants résidents irrités et asphyxiés ont pris d’assaut à l’aube le hall du bâtiment abritant l’administration du Cous-ac pour exprimer leur ras-le-bol face à la pénurie d’eau et d’électricité dans certaines résidences universitaires. Environ deux semaines plus tard, les mêmes étu­diants ont protesté contre le chef service hébergement et transport. La motion de cette nouvelle revendication est la dotation qui a accusé d’énormes re­tards. Après plus de quatre mois d’intégra­tion des cabines, les résidents n’ont pas bénéficié de dotations alors qu’ils doivent en bénéficier mensuellement.

Quid du service de restauration

Ici, les étudiants ne mangent plus pour être rassasiés. Le nombre de plats servis au quotidien depuis l’ouver­ture des restaurants est restreint et demeure très minime. Contrairement aux années antérieures où les étu­diants peuvent bénéficier de deux à trois plats bien que le service dure deux voire trois heures certains jours, les usagers des restau­rants de l’Uac peinent à bénéficier d’un plat cette année. Il est déjà constaté à maintes reprises, d’ailleurs c’est récurrent, que les services ne durent qu’à peine une trentaine de minutes. À titre illustratif, le jeudi 23 mars 2023, le service qui aurait démarré à 11 h 31 min dans la plupart des restaurants a pris fin envi­ron à 12 h 10 min. Plusieurs étudiants se demandent combien de plats ont été servis quand on sait bien que depuis quelques mois, il n’est plus évident qu’un étudiant prenne deux plats ou au mieux ne peut excéder le seuil de deux. Aussi, pourquoi l’on constate cette in­suffisance criante de plats alors qu’on sait bien que, dans les restaurants universitaires, les institutions spéciali­sées longtemps accusées de réserver une grosse partie de la nourriture à leurs éléments ont déposé les armes depuis l’année passée suite à leur sur­pression par le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique ? Tant de questions qui titillent la communauté universitaire. Mais le paradoxe est que tous les problèmes énumérés dans les trois services ont un seul dénominateur commun comme cause.

Les efforts du Cous-Ac éteints par les réformes gouvernementales

À tous les coups, le Centre des œuvres universitaires sociales et d’Abomey-Calavi de Ghislaine Fagbo­houn est indexé. C’est une évidence dans la mesure où c’est l’institution décentralisée du gouvernement spé­cialisée dans ce secteur. Ce n’est d’ailleurs pas une nouvelle habitude, pour s’en prendre aux étudiants. Ce­pendant, plusieurs personnes s’inter­rogent sur les véritables sources de ces irrégularités. Mieux, d’autres se réfèrent au gouvernement du pré­sident Boni Yayi où les problèmes de cette nature ne sont pas fréquents, pour faire une comparaison avec le régime actuel. En tentant de répondre à ces préoccupations, les éléments essentiels qui demeurent présents dans les esprits de plus d’un sont les réformes. Mais, l’on se demande si les réformes opérées sont applicables dans les tous les secteurs. Quand bien même les réformes apparaissent inno­vatrices, il n’en demeure pas moins que certaines d’entre elles souffrent de quelques insuffisances. En réalité, en se référant à la loi n° 2020 – 26 du 29 septembre 2020 portant code des marchés publics en République du Bénin qui a fixé les règles régissant la passation, le contrôle, l’exécution, le règlement et la régulation des mar­chés publics en République du Bénin, le Cous-ac n’a plus les prérogatives de confier à son aise les marchés à un ou des prestataire(s) qu’il souhaite. Il est contraint de respecter les pro­cédures de passation des marchés publics au Bénin sans aucune excep­tion. Dans l’article 3 de cette loi, il est précisé : « […] les dispositions de la présente loi s’appliquent aux marchés passés par les personnes morales de droit public que sont : l’État, les col­lectivités territoriales décentralisées ; les établissements publics ; les autres organismes, agences ou offices créés par l’État ; ou les entités territoriales décentralisées pour satisfaire des be­soins d’intérêt général et dont l’activité est financée majoritairement par l’État ou qui bénéficient du concours financier ou de la garantie de l’État, d’une collecti­vité publique ou d’une association formée par ces personnes morales de droit pu­blic ». Pourtant, les différentes étapes de la procédure ne s’adaptent pas au fonc­tionnement du Cous-ac. Or, le législateur et le promulgateur n’ont pas fait exception du Cous-ac comme certains cas dans l’article 6 du décret n° 2020 – 600 du 23 décembre 2020 de cette loi. En effet, la procédure de passation des marchés ne permet plus de remettre le marché à un fournisseur. Des exigences de l’article 3 du précé­dent décret  fixant les délais impartis aux organes de passation, de contrôle et d’approbation des marchés publics, le processus qui aboutit à la remise du marché peut faire environ trois mois. Ce délai est en dépha­sage avec les réalités du Cous-ac qui doit servir les étudiants dans une durée bien définie. C’est d’ailleurs ce qui ressort des expli­cations du directeur adjoint du Cous-ac Léopold Ganhoumede à propos de l’insuf­fisance de plats au restaurant, de la non-dotation des résidents, etc. À l’en croire, le stock des vivres des restaurants peut très tôt s’épuiser si bien que les restaurants pourraient fermer les portes avant la fin de la rentrée si le nombre de plats est aug­menté. Du côté du transport, il explique que contrairement aux années anté­rieures, il y a deux ans ou trois ans, où l’approvisionnement des pièces pourrait se faire en quelques jours, il faut trouver une solution relativement adéquate pour réparer un véhicule en attendant que tout le processus s’achève avant de les com­mander. Aussi, la plupart des moyens rou­lants sombrent dans un état vétuste. En ce qui concerne l’hébergement, l’approvi­sionnement de l’année en cours n’est pas encore effectif. Pour cette raison, le Cous- ac se voit obligé de faire avec le reste de l’approvisionnement de l’année dernière qui couvre à peine un mois. « Nous de­vons aux étudiants. Nous allons leur rem­bourser », a martelé le directeur adjoint du Cous-ac pour signifier que la directrice du Cous Ac Ghislaine Fagbohoun et ses collaborateurs ont à cœur les difficultés des étudiants. Face à ce cirque, il urge que le gouvernement aille au-delà des réformes en vue de trouver des solutions idoines aux problèmes des étudiants.

Roméo AGBANVO, in parution N°219 d’avril 2023

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