A l’université d’Abomey-Calavi (Uac), les fidèles musulmans de l’Association culturelle des élèves et étudiants musulmans du Bénin (Aceemub) ont assisté à la grande prière pour rompre le carême, vendredi 21 avril 2023. A la fin de cette tradition, femmes, hommes, étudiants et autorités ont accepté se confier sur les différentes dépenses qu’ils ont faites pour préparer la fête du Ramadan.
« Le foulard que j’ai porté, c’est à 2 000 FCFA que je l’ai acheté. J’ai pris le mètre du pagne de mon habit à 4 500 FCFA. La couture et la broderie m’ont couté 5 000 FCFA », confie Tadjou Inoussa, tout vêtu de jaune, en tenue taillée sur mesure. Il vient d’assister sur le terrain de handball de l’Uac, à la grande prière qui marque la fin de 30 jours de carême. Pour lui, il est important de bien s’habiller car soutient-il, « Allah a dit, le jour de l’Aïd : porte tes vêtements les plus beaux pour venir m’adorer moi Allah », le visage illuminé d’un large sourire. À l’en croire, c’est à cet ordre d’Allah qu’a obéit la foule d’homme et de femmes venus sacrifier à la tradition.
Manifestement, c’est ce qui frappe à l’œil. Sur le terrain de Handball qui a servi de place « Idi », lieu sacré de la prière de fin du Ramadan, les centaines de fidèles musulmans sont tous parés de leur plus beaux vêtements. Des chaussures jusqu’aux chapeaux, pour les hommes. Et, chez les femmes, le tapis, les sacs, les bijoux et les colliers rayonnent l’éclat du neuf. Maman Siradji, un jeune homme, visiblement joyeux, nous a évalué le prix de son bazin blanc et de son chapeau, couleur bleu nuit, à environ trente mille (30 000) FCFA.
Rachidatou Imorou, musulmane, quant à elle se plait de sa longue jupe surmontée d’une chemise modelée de femme, faite en pagne communément appelé ‘’Léssi’’. La jeune dame, tout de blanc vêtu, a estimé le prix de son pagne, du sac et de son Hijab (voile musulmane) à cinquante mille (50 000) FCFA environ. En plus de ces dépenses, les musulmans pratiquants déboursent également de l’argent pour partager ce moment convivial entre amis, familles et invités.
C’est ce que confirme les propos de Tadjou Inoussa. « J’ai prévu faire quelque chose pour recevoir mes amis et ma famille. J’ai donc commandé des jus de fruits, du Atassi (repas composé du mélange de haricot et de riz très consommé dans le Sud du Bénin, ndlr) et de la friture faite à base d’huile rouge qui sera accompagné d’œuf de poule. Le tout m’a coûté environ 27 500 FCFA. »
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Même si ce budget semble bien modeste en comparaison à la morosité économique qui règne au pays, les dépenses augmentent d’un musulman à un autre. C’est le cas de Rachidatou Imorou. « A la maison, on a prévu fêter en famille. Les poissons, la nourriture, les viandes et les sucreries nous ont coûté plus de cinquante mille (50 000) FCFA », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, Ibrahim Ayibouki, secrétaire aux ressources financières et aux matériels de l’Association culturelle des élèves et étudiants musulmans du Bénin (Aceemub) a levé un coin de voile sur l’organisation de la prière de fin de carême. Selon ses confidences, pour deux heures de sonorisation lors de la grande prière, la prestation leur a valu trente-cinq mille (35 000) FCFA. En revanche, les responsables ont trouvé la manille de faire contribuer leurs frères et sœurs à ces dépenses.
Sur place, pendant que l’Imam Abdou Rachidi adressait les remerciements de la toute communauté à Allah, des caisses en bois quémandaient l’attention des fidèles. Selon l’Imam Abdou, président de l’Aceemub, « les veuves, orphelins et personnes malades ont aussi droit à des cadeaux des musulmans ».
Par conséquent, Abdoulaye, jeune musulman de la trentaine qui dit avoir déjà dépensé près de 65 000 FCFA pour son habillement, pense encore venir en assistance aux personnes en situations difficiles dès qu’il regagnera sa maison. Une autre dépense de plus qui s’ajoute celles sus énumérées, seulement pour la fin du Ramadan.
Ignace TOSSOU & Léandre HOUAN