La salle 2 du Centre de formation OUTRE-MER, relevant du programme de l’Académie du Futur de la Faculté de Droit, Sciences Politiques et Sociales de l’Université d’Abomey-Calavi, a servi de cadre, le samedi 29 mars 2025, à une conférence-débat de sensibilisation sur la sextorsion et le cyberharcèlement. Organisée par Amnesty International Bénin, cette rencontre a rassemblé diverses personnalités, notamment le président de l’ONG Cohésion Sociale et Développement, son assistant, un représentant de High Five University, la cheffe de la cellule des systèmes d’information et de la digitalisation de l’ADPME, ainsi qu’un public composé majoritairement d’étudiants.
Placée sous le thème : « Sensibilisation : identifier la sextorsion et contrer le cyberharcèlement », la conférence a été animée par Milca Tonato, communicante de l’événement. Selon elle, la sextorsion constitue une forme insidieuse de cyberharcèlement reposant sur le chantage. « Tout commence par des discussions apparemment anodines. Le cyberharceleur instaure une relation de confiance avec sa cible, collecte des informations sensibles, puis entame le chantage en exigeant de l’argent, des biens ou des faveurs sexuelles », a-t-elle expliqué.
Concernant le cyberharcèlement en général, elle a précisé qu’il se manifeste par des actes malveillants répétitifs perpétrés en ligne, visant à porter atteinte à l’intégrité morale ou physique de la victime. Ces actes incluent notamment les insultes, menaces, humiliations publiques, et le chantage.
Milca Tonato a exhorté les participants à adopter des réflexes d’autodéfense numérique. Elle recommande de ne jamais répondre au harceleur, de ne céder à aucune pression ni de verser de rançon. Il est crucial, selon elle, de documenter chaque interaction suspecte par des captures d’écran, des enregistrements de messages ou de contenus manipulés. « L’inaction peut pousser certaines victimes à contracter des dettes, voire entraîner des dépressions graves, allant jusqu’au suicide », a-t-elle alerté.
Pour se protéger, elle a orienté les étudiants vers plusieurs structures compétentes au Bénin : le Centre national d’investigation numérique, l’Institut national de la femme, la brigade des mineurs, ou encore Interpol pour les cas transfrontaliers. Elle a aussi cité la loi n°2021-20 du 25 août 2021 portant protection des données personnelles, laquelle prévoit des mesures strictes en matière de sécurité numérique et de vie privée, assorties de sanctions pénales pour les cyberharceleurs.
Ces derniers s’exposent à des peines allant de 1 à 2 ans de prison et à des amendes comprises entre 500 000 et 10 millions de francs CFA. Lorsque la victime est une personne vulnérable, les peines peuvent être doublées.
La conférence a suscité un vif intérêt chez les participants, qui ont pu poser des questions pour mieux comprendre les notions abordées. Abdoulaye Oumarou, président de l’ONG Cohésion Sociale et Développement, a salué la pertinence du thème : « Ce phénomène touche de plus en plus de jeunes. Il est essentiel de les éduquer pour qu’ils évitent ces pièges », a-t-il affirmé.
Sami Kpenabio, étudiant en licence 3 à la Fadesp-Uac, a exprimé sa gratitude : « J’ai appris à reconnaître les formes de sextorsion et de cyberharcèlement, mais aussi à connaître les recours possibles et les lois applicables. J’aimerais que ce type d’initiative soit étendu aux zones reculées du pays », a-t-il conclu.
La rencontre s’est achevée par une photo de famille et un moment de convivialité autour d’une collation.
Sébastien Ezéchiel SINZOGAN