Insécurité manifeste à l’Uac : une preuve d’inefficacité des mesures sécuritaires des autorités

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À l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), l’inquiétude devient le vécu quotidien des étudiants. Pour cause, une insécurité manifeste dicte sa loi à l’intérieur et aux alentours de ce haut lieu de savoir. Une situation qui laisse croire que les mesures prises par l’autorité rectorale se révèlent à leur inefficacité.

Les étudiants de l’Uac peinent à vivre et étudier dans la quiétude. Ils se rendent désormais sur le campus avec la peur au ventre. La raison d’une telle inquiétude n’est pourtant pas méconnue de la communauté estudiantine. En effet, depuis quelques mois, les cas de braquages résistent aux dispositions sécuritaires de l’autorité rectorale. De nuit comme de jour, les étudiants sans défense sont pris en otage. « J’ai été braqué en plein jour, à 15 heures environ », raconte Jules H., étudiant en première année de linguistique à la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (Fllac) de l’Uac. Il n’est d’ailleurs pas le seul à être la cible des hors-la-loi qui rodent ces derniers jours à quelques encablures de la clôture de l’Uac. Plusieurs autres étudiants ont également subi le mauvais traitement de ces divorcés sociaux. Dans un post sur sa page Facebook, la station universitaire Radio Univers a dénoncé ces actes de kidnapping qui se produisent sur le campus et les quartiers environnants de l’Uac tels que Zogbadjè, Bidossessi, Parana, « Quartier Latin, Le Refuge et tutti quanti » où résident maints apprenants. « Plusieurs étudiantes et étudiants sont déjà dépouillés par ces vils individus qui arrachent portables et argent comme butins chez des pauvres étudiants ; leurs victimes qui se rendent au cours dans la pénombre matinale des 5h, 6h ou qui se rendent chez eux dans les soirées », a dénoncé Radio Univers. Les murs de la clôture cassés situés respectivement derrière l’amphithéâtre B1000, ENA et au point de rassemblement des ordures du centre Valdera sont les lieux d’opération de ces personnes malintentionnées. Tout récemment, c’est le président du Bureau Exécutif de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (P-BEF/Fneb) qui a failli être une autre proie des hors-la-loi.

Parution 217 de décembre 2022

Des mesures stériles pour les beaux discours des autorités

Pas de problème sans solution ! Mais ce dicton populaire semble ne plus avoir raison d’être cité pour le moment à l’Uac. Car, jusque-là, aucune mesure ou du moins aucune stratégie efficiente de riposte n’est encore prise pour réprimer les malfaiteurs en divagation ça et là. En réalité, cette situation prévaut à l’université depuis des années, mais moins criante. La preuve, en 2019, plusieurs étudiants ont été victimes de braquage dans la pénombre matinale en se rendant au cours le matin ou le soir après les cours de 19h. En 2021, les plaintes grandissantes de braquage à l’Uac ont défrayé la chronique sur la toile. Le cas de deux journalistes de la presse universitaire n’est pas des moindres enregistrés. Il a fallu de peu, si ce n’est pas par vigilance, ils auraient été braqués un soir, vers 20h, dans la zone de la Faculté des Sciences Agronomiques près du garage de l’Epac alors qu’ils se rendaient à la soirée de gala organisée par les presses universitaires dans le cadre de la journée de la liberté de presse. Pourtant les autorités disent avoir pris des mesures pour protéger les apprenants et faciliter leur libre circulation. Mais semble-t-il, ces solutions n’ont pas effrayé les gangsters ennemis du bien-être des étudiants. Le 13 janvier 2022, le recteur de l’Uac, Félicien Avlessi, dans sa volonté de débusquer ces vils individus qui compromettent la sécurité des étudiants, a sorti une note. Une circulaire à travers laquelle il a annoncé que des contrôles seront effectués sur tout le campus notamment aux entrées, au-delà de 19h. De même, dans son bilan de gestion de l’an 1, l’équipe a affirmé avoir garanti la sécurité des étudiants par de fortes mesures. Mais ces beaux discours semblent amuser l’ardeur des gangsters prêts à agir de jour comme de nuit, malgré la présence des hommes en uniforme qui ont campé depuis des mois à l’intérieur de l’Uac. S’il y a une question qui hante l’esprit des usagers de l’Uac, c’est bel et bien celle de savoir ce que vaut la présence de ces hommes en uniforme censés assurer la sécurité de la communauté estudiantine. Autrement, comment expliquer que juste à côté des militaires déployés sur le campus et qui siègent dans la zone de l’ENA, des étudiants soient kidnappés derrière l’amphi B1000, à 50 mètres de leur lieu de campement ? Difficile de répondre. Pour l’heure, cette situation qui perdure à l’Uac et ses environs doit interpeller dans l’immédiat les autorités rectorales, locales et exécutives. Car les étudiants méritent un centre de formation où paix et quiétude se servent les coudes.

Roméo AGBANVO, in parution n° 217 de décembre 2022

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