La doyenne de l’humanité, l’Espagnole María Branyas Morera, qui avait survécu à des guerres et des pandémies, dont la COVID-19, s’est éteinte dans son sommeil mardi à 117 ans en Catalogne, a annoncé sa famille.
« Maria Branyas nous a quittés. Elle est morte comme elle le voulait : dans son sommeil, paisiblement et sans douleur », a écrit sa famille sur le compte qu’elle avait créé pour elle sur le réseau social X.
« Il y a quelques jours, elle nous a dit : “Un jour, je partirai d’ici. Je ne goûterai plus le café et ne mangerai plus de yaourt […] et je cesserai d’exister dans ce corps. Un jour que j’ignore, mais qui est très proche, ce long voyage sera terminé », a rapporté la famille dans ce message publié.
« La mort me trouvera épuisée d’avoir vécu si longtemps, mais je veux qu’elle me trouve souriante, libre et satisfaite », ajoutait son entourage, qui dit vouloir se souvenir de « ses conseils et sa gentillesse ». La famille avait fait savoir dès lundi que le décès de Mme Branyas était imminent.
« Je me sens faible. Mon heure approche. Ne pleurez pas, je n’aime pas les larmes. Et surtout, n’ayez pas de peine pour moi. Là où je vais, je serai heureuse », pouvait-on lire sur ce même compte.
« La grand-mère de la Catalogne »
Le nouveau président du gouvernement régional catalan, le socialiste Salvador Illa, a rendu hommage à « la grand-mère de la Catalogne ».
« Nous perdons une femme attachante, qui nous a montré la valeur de la vie et la sagesse des ans », a déclaré sur X M. Illa, qui se trouvait être ministre de la Santé lors des premiers mois de la pandémie de COVID-19, qui frappa l’Espagne de manière dévastatrice, faisant des milliers de morts dans les résidences pour personnes âgées. Mme Branyas avait justement attrapé la COVID-19 peu après avoir célébré ses 113 ans, mais s’était rétablie en quelques jours.
Durant sa traversée du XXe siècle, elle avait déjà survécu à la pandémie de grippe de 1918 (connue sous le nom de « grippe espagnole »), ainsi qu’à deux guerres mondiales et à la Guerre civile espagnole.
Mme Branyas vivait dans la maison de retraite de Santa Maria del Tura, à Olot, en Catalogne, depuis plus de vingt ans.
Elle était née le 4 mars 1907 à San Francisco, où sa famille avait émigré de Catalogne, puis était revenue en Espagne en 1915.
En 1931, elle avait épousé un médecin, qui est mort à 72 ans. Elle avait eu trois enfants, dont l’un est décédé à 86 ans, ainsi que 11 petits-enfants et de nombreux arrière-petits-enfants.
« C’est incroyable ! »
Sa fille cadette, Rosa Moret, octogénaire, avait un jour expliqué que sa mère « n’avait jamais été à l’hôpital et n’avait jamais eu de fracture ».
Une équipe de l’Université de Barcelone avait étudié son ADN afin de déterminer les raisons de sa longévité. L’un des chercheurs, Manel Esteller, s’était dit très surpris de son bon état de santé, dans une interview publiée en octobre 2023 par le quotidien espagnol ABC.
« Elle est complètement lucide. Elle se souvient avec une précision impressionnante de moments survenus quand elle n’avait que quatre ans et ne présente aucune maladie cardiovasculaire, ce qui est pourtant courant chez les personnes d’un âge avancé. Les seuls problèmes qu’elle a relèvent de la mobilité et de l’ouïe. C’est incroyable ! », s’enthousiasmait ce chercheur en génétique.
María Branyas était la doyenne de l’humanité, selon le groupe de Recherche gérontologique des États-Unis (US Gerontology Research Group) et selon le Livre Guinness des records. Elle avait succédé à la Française Lucile Randon, décédée à 118 ans en janvier 2023.
Après la mort de Mme Branyas, la personne la plus vieille du monde encore en vie est la Japonaise Tomiko Itooka, née le 23 mai 1908, âgée donc de 116 ans, selon le groupe de Recherche gérontologique des États-Unis.
Décédée en 1997, la Française Jeanne Calment, qui a vécu jusqu’à 122 ans et 164 jours, est la personne la plus âgée connue à ce jour.