Suppression des soutenances de licence : l’Université de Parakou montre le chemin à l’Uac

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Les soutenances de mémoire en fin de cycle de licence sont toujours d’actualité dans certaines facultés classiques des Universités publiques du Bénin, en l’occurrence l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), malgré les exigences du système Licence-Master-Doctorat (LMD). Une situation qui retarde la diplomation de milliers d’étudiants en fin de formation. Avec surprise, l’Université de Parakou a annoncé récemment la suppression des soutenances de mémoire en Licence à la Flash et à la Faseg. Une décision qui pourrait être un cas d’école pour l’Uac.

Une surprise ! Une annonce pas des moindres. Sans nul doute, c’est la mesure prise le 22 avril 2024 par la première autorité de l’Université de Parakou (UP), Professeur Bertrand Sogbossi Bocco. Laquelle mesure annonce la suppression, au cours de cette année académique (2023-2024) des soutenances de mémoires en licence dans deux facultés classiques à savoir : la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) et la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash). Désormais donc, ces deux facultés ont rejoint la liste de celles dans lesquelles les exigences du système LMD sont plus ou moins respectées en ce qui concerne les soutenances. C’est d’ailleurs le cas de la Faculté des sciences et techniques (Fast) et la Faculté de droit et sciences politiques (Fadesp) de l’Uac qui ne font pas de soutenance en licence. Dans le même temps, des facultés à effectif pléthorique, avec peu d’enseignants, Fllac, Fashs, Faseg, continuent d’exiger des soutenances. Mais heureusement ou malheureusement, ce temps est dorénavant révolu à l’Université de Parakou. Si par le passé, la plupart du temps, les étudiants de ces facultés, après avoir obtenu les 180 crédits exigés dans le système LMD étaient appelés à écrire un mémoire de 30 ou 50 pages sur un thème sous la supervision de leurs maîtres de mémoire, aujourd’hui les choses sont en train de changer. Ainsi, le dépôt de protocole de mémoire, le payement des frais de mémoire, les recherches sur le thème de mémoire, la rédaction, etc. ne sont plus d’actualité. Ce mécanisme longtemps adopté et devenu habitude est d’ores et déjà conjugué dans le passé. Pour une fois, à priori, les étudiants de ces facultés auront leurs parchemins dès qu’ils réuniront les 180 crédits. Dans le rang des étudiants, cette réforme est déjà appréciée. Mieux, ils souhaitent que cette réforme soit éternelle. « Nous voulons que cette décision ne soit plus revue dans le futur afin de permettre aux générations à venir de ne plus être amenées à ces protocoles sans fin », peut-on lire sur plusieurs comptes Facebook.

Un cas d’école pour l’Uac ?

Cette mesure prise à l’UP a également suscité l’attention de quelques étudiants de l’Uac. Ils ont ainsi donné leurs appréhensions et ont un seul souhait : que cette même réforme soit enclenchée dans le plus haut lieu du savoir, l’Uac actuellement sous l’autorité du Professeur Félicien Avlessi. « Nous demandons, avec respect au recteur Félicien Avlessi de prendre cette même mesure de suppression des soutenances en Licence. Cela nous permettrait, une fois en troisième, après le semestre 6 d’entrer en possession de notre parchemin. Nous avons vu des ainés finir depuis 4 ou 5 ans mais qui jusque-là n’ont pas encore soutenu. Ce n’est pas une seule personne. C’est une liste assez longue », demande Euloge Amoussou, étudiant en deuxième de Licence à la Faculté des lettres, langues, arts et communication. Comme lui, Déo-Gratias D., lui implore la clémence du prof Félicien Avlessi sur la question. « Trois années passées avec le stresse de validation des unités d’enseignement n’est pas chose aisée. Donc en rajouter celui des soutenances n’est pas très bien. Et n’y a pas que ça. Il y a également l’indisponibilité des maitres mémoires qui est toujours d’actualité. C’est pour cela, qu’avec tout le respect qu’on lui doit, nous le prions d’emboiter le pas à son homologue », demande l’étudiant en Psychologie à la Faculté des sciences humaines et sociales. Dans la même veine, Roger Kévo, en instance de soutenance confie : « quand nous faisons simplement un rétrospectif sur le nombre d’étudiant qui a fini depuis plusieurs années et qui n’ont toujours par leur diplômes, je pense qu’il serait bienséant de prendre la mesure de la suppression. Simplement pour le fait qu’on n’ait pas ce notre diplôme, trouver un emploi devient encore un problème. Car personne ne recrute aujourd’hui sans le diplôme. Mieux, la surcharge de travail et les pressions incessantes pèsent sur nous lors des soutenances. Il y a aussi le manque d’enseignants par ricochet la prise en charge des étudiants en instance de soutenance est compromise ». Alexis, pour sa part, clame : « nous savons que nous n’avons rien à apprendre au recteur. C’est parce que nous savons qu’il est à notre écoute que nous lui demandons avec humilité et respect de nous aider. La morosité ambiante, la lourdeur administrative ainsi que la durée assez longue sont des problèmes auxquels il faut trouver des alternatives dont la suppression des soutenances ». Mais en attendant, les autres facultés de l’UP et celles de l’Uac (Fllac, Fashs, Faseg) attendront quelques jours ou années avant de prétendre à cette mesure. C’est donc visiblement du pain béni pour ces étudiants concernés et pourquoi pas les responsables au sommet de ces facultés de l’UP. Mais comme on peut s’en douter, la consommation de cette réforme peut-être sujette à des exigences rigides… sait-on jamais ! Les prochains jours édifieront davantage. Pour le moment, les concernés jubilent…

Mahussé Barnabé AÏSSI, in Parution 228 de Avril 2024

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